Sami a fui l’Afghanistan avec son grand-père à la suite d’une explosion qui a décimé leur famille et il a fait un long voyage jusqu’aux États-Unis. Quand ils se font voler leur rubab, un instrument de musique à cordes, seul lien qui les rattache encore à leur pays, à leur culture, mais aussi unique source de revenus, car son grand-père en jouait dans le métro, Sami est dévasté. Il se lance tout de suite sur les traces de l’instrument… et le retrouve, mais celui-ci est vendu 700 dollars dans un magasin, une somme qui est une montagne pour le réfugié. Imperturbable, le vendeur refuse de baisser son prix, mais offre trente jours à Sami pour réunir les sous. C’est ainsi que débute une aventure de troc qui fera découvrir à l’adolescent sa communauté et l’amènera à se faire des amis et à planter des racines dans sa nouvelle terre d’accueil.
Finaliste au Prix jeunesse des libraires 2021, ce livre se distingue par la force de son récit et par la solidarité qui émane de ses pages. Abordant les thèmes de l’immigration, oui, de la famille, de l’amitié et de la résilience, il s’adresse aux lecteurs intermédiaires.
C’est une belle découverte que celle-ci, une œuvre touchante (comment ne pas ressentir d’empathie devant l’histoire de Sami ?), mais qui ne tombe pas dans le pathos même si certaines épreuves sont vraiment difficiles. En fait, le récit de vie de Sami vient par petites touches au fil du roman, dispersé à travers l’aventure de son troc et son intégration à son nouveau pays, grâce à des moments clés qui lui font penser à sa vie d’avant. On découvre sa peur de l’eau due à sa traversée de la Méditerranée alors qu’il se rend à une vente dans une maison sur la côte, on comprend comment sa famille a été décimée à la suite de sa crise de panique lors des feux d’artifice du 4 juillet… autant de moments difficiles, mais présentés avec délicatesse, juste la bonne dose de détails pour faire ressentir, expliquer l’horreur, mais sans tomber dans le graphique.
Entre ça, c’est la vie qui coule entre les pages, rythmée par les échanges que fait Sami dans le but d’amasser 700 dollars : son porte-clé contre un iPod brisé (qui sera réparé), un iPod contre des statuettes et ainsi de suite. Au fil des échanges, on voit aussi comment Sami s’intègre à un nouveau groupe grâce à Dan, avec qui il retrouve le plaisir du basket. Ce n’est pas toujours facile (le personnage de Peter avec son racisme et ses remarques désagréables rappelle que l’intégration n’est pas toujours rose), mais cela participe à l’impression qu’on a que le récit est crédible, réel. En bref ? Une lecture qui vise le coeur de la cible et permet de se montrer plus sensible aux autres !
Sophielit est partenaire des Librairies indépendantes du Québec (LIQ). Cliquez ici pour plus d'informations sur ce partenariat.
Nouveau commentaire