Après avoir dérivé dans un bateau mis à l’eau par leur père, resté à bord du paquebot de croisière, Nick et Roger finisse par arriver sur une ile au large de la Sicile. Découvrant que celle-ci abrite un parc d’attractions laissé à l’abandon et peuplé seulement d’une poignée d’enfants, les deux frères se font expliquer qu’une épidémie ravage le monde et que les enfants, supposément contagieux, ont été mis à part, blessés, quand l’ile a été évacuée. Faut-il les croire ? Alors que Nick pense que les survivants de la côte pourraient revenir les sauver, Roger, qui n’a jamais trouvé sa place dans le monde, se lie d’amitié avec l’enfant qui dirige Avalon Park et endosse son histoire, déterminé à empêcher toute communication avec l’extérieur puisque tout est mieux depuis que les adultes ont déserté. Déjà fragile, la relation entre les deux frères devient de plus en plus difficile, jusqu’à ce moment critique où Nick parvient à faire fonctionner une radio. Jusqu’où Roger est-il prêt à aller ?
Avec ce huis clos sur une ile qui hésite entre dystopie et psychologie, Éric Senabre parle de fraternité, de loyauté, de trouver sa place dans l’univers et de confiance. Pour les lecteurs intermédiaires et avancés.
Avec Avalon Park, Éric Senabre a construit une histoire complexe qui trouve tout son intérêt dans l’évolution des personnages et le mystère qui place au-dessus de la fuite des adultes. Le huis clos de l’ile est le parfait terreau pour créer une ambiance tendue, dramatique, alors que les personnages principaux se déchirent autour de la question de la vérité. Toujours cynique, blasé, désillusionné, Roger a trouvé sa place sur l’ile avec Nunzio même si celui-ci parait un peu fou par instant et est prêt à tout pour sauvegarder sa bulle. Plus critique, Nick tente quant à lui de comprendre les circonstances, de croire que ce n’est pas la fin du monde, qu’il est possible de s’en sortir. Mais qui a raison ?
Oui, il y a un parallèle à faire avec Sa majesté des mouches à cause de la minisociété qui s’est recréée sur l’ile, mais ce roman est aussi autre chose. J’ai mis du temps à m’adapter au langage des personnages (très articulé, une langue riche que Roger justifie lui-même en disant qu’ils sont le digne produit de leur père), mais j’ai ensuite vraiment aimé la dynamique entre les deux frères et la suite de scènes très fortes (dont celle où, à la suite de la chute d’un manège d’un garçon, tous semblent prendre conscience que cette réalité n’est pas un jeu).
Bien sûr, le parallèle est aussi très fort avec la situation actuelle avec cette idée de pandémie qui fait en sorte que tout s’arrête. Éric Senabre prend d’ailleurs la parole à la fin du récit pour expliquer le contexte de création. Si vous êtes pandémie-anxieux, ce n’est pas pour vous, mais c’est chouette de lire un roman qui parle de pandémie de cette façon sans pourtant être une dystopie avec fin du monde à la clé !
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Exactement le même garçon que sur la couverture du livre Le fugueur de Luc Proulx...