« Parfois il suffit de peu pour que la bascule perde son ballant. »
Quand L’anxiété frappe Mélisse et que les premières crises se produisent, c’est parce que l’adolescente est sur le bord d’imploser. Il y a les relations amicales complexes qui s’effondrent, le départ de sa mère (qui a décidé du jour au lendemain qu’elle laissait son mari pour partir en Italie avec son amoureuse) et puis cette planète qui se meurt et les adultes qui disent qu’ils se sentent concernés, qu’ils ont des idéaux, mais qu’ils les asphyxient « chaque fois [qu’ils mettent le pied dans un Dollorama. Comment vivre quand on éclate de l’intérieur ?
Après les folles aventures de Lou, qui explorait sa sexualité, Sarah Lalonde revient avec une oeuvre encore plus ébouriffante, parlant cette fois d’anxiété, d’adolescence, d’environnement et de militantisme. Avec son récit qui mélange narration et poésie, elle s’adresse à tous les lecteurs. Attention toutefois, la sexualité est bien présente !
Ouh que j’avais hâte ! Et je n’ai pas été déçue. C’est foisonnant, c’est éclaté tant dans la forme que dans le fond, ça regorge de vie, c’est militant ! En fait, c’est une adolescence atomique à la sexualité décomplexée que raconte Sarah Lalonde dans ce récit qui se lit d’un coup, sans respirer, alors que défilent les scènes, les questionnements, les images fortes qui allient émotions et monde réel.
« Mon quota de peur avait un forfait illimité. »
Bref, j’ai eu un plaisir fou à découvrir cette petite plaquette qui se présente dans une langue tout aussi décomplexée que son héroïne, avec un vocabulaire parlé qui ne nuit pas au propos, bien au contraire. Oui, la poésie peut ressembler à la langue réelle des ados, celle qu’on entend dans les cours d’école, et rester jolie. Par contre, j’ai eu l’impression que c’était un tout petit peu trop appuyé dans les premières pages, alors que les mots anglos sont alignés. C’est plus diffus par la suite et ça sonne plus réel.
Je ne suis pas pour la censure et je vais raconter ce livre avec plaisir, toutefois je vous préviens, fiez-vous au titre. Oui, on parle d’anxiété et, oui, c’est trash. Tant dans la façon de remettre les lecteurs face à leur contradiction idéologique que dans l’approche de la sexualité, qu’il soit question d’une « plotte moelleuse » ou d’une pipe sur un banc de parc. C’est épars, ce n’est pas appuyé, mais c’est présent et ça peut être surprenant quand on ne s’y attend pas. D’ailleurs, il me semble que ça ferait un excellent candidat au Prix Espiègle, remis par des bibliothécaires scolaires et mettant en valeur des livres qui pourraient être censurés… À suivre !
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