À noter : ce livre est paru en Europe sous le nom de De l’importance de savoir rebondir, chez Gallimard.
Quand ses seins se sont mis à pousser de façon démesurée, Greer a commencé à disparaitre, à vouloir devenir invisible. Cachant tant bien que mal ses bonnets H sous des chandails informes, elle a tenté de se faire la plus discrète possible, restant dans l’ombre de sa meilleure amie, Maggie, qui cherche la lumière et n’a pas peur d’attirer l’attention. Mais deux éléments vont bientôt menacer ce choix. D’abord, il y a l’arrivée de Jackson, qu’elle rencontre alors que sa mère les accueille, sa famille et lui, dans leur petite ville. Dès le départ, il y a une chimie entre eux. Mais Greer ne peut imaginer vivre une histoire d’amour, être touchée par quelqu’un d’autre alors que ceux qu’elle a surnommés Martha et Maïté prennent tant de place sous son teeshirt. Et puis il y a cet intérêt soudain et très fort qu’elle se découvre pour le volleyball. Mais comment réussir à être concentrée sur le terrain quand même deux soutiens-gorges de sport n’empêchent pas ses seins de rebondir dans tous les sens et qu’elle doit sans arrêt penser à tirer sur son teeshirt ? Clairement, il est temps de trouver une solution.
Écrit avec humour, autodérision, réalisme et doigté, Regardez-moi dans les yeux est un roman qui parle aux lecteurs d’acceptation de soi, de la réalité (souvent difficile) des adolescentes aux prises avec des poitrines surdimensionnées et d’adolescence, tout simplement. Pour les lecteurs intermédiaires et avancés.
Ce livre m’intriguait beaucoup. Par son titre (aussi chouette des deux côtés de l’Atlantique, je trouve) et par son thème, même si la réalité de Greer, soyons honnêtes, pourrait difficilement être plus éloignée de la mienne. Cela ne m’a toutefois pas du tout empêchée d’apprécier ma lecture.
D’abord parce que Laura Zimmermann nous plonge dans les pensées de son héroïne et arrive à vraiment bien nous faire comprendre ce qu’elle vit, ensuite parce qu’il y a aussi tout un récit autour de l’omniprésence de ces seins : une histoire d’amour assez mignonne avec Jackson ainsi qu’une histoire d’affirmation de soi et d’amitié, le tout sur un fond de solidarité féminine fort chouette.
Il y a quelques longueurs et le récit aurait peut-être pu être resserré un peu, mais l’écriture est fluide et les multiples détails permettent aux lecteurs de voir Greer « éclore » sous leurs yeux. À l’aide de flashback, on découvre les raisons de son isolement, de sa manière de se cacher, on découvre comment son entourage (dont sa mère) préfère le déni à la discussion sur ce qui se trouve sous ses chandails XL, mais on la voit aussi progresser dans son acceptation, comprendre que son corps n’est pas « tabou », que d’autres peuvent l’aider, qu’elle ne doit pas avoir honte de parler de ce qu’elle dit. C’est donc une histoire qui se termine bien et peut donner espoir aux lectrices qui se reconnaitront dans le personnage, mais ce n’est – heureusement – pas trop. Greer le dit elle-même à la fin du roman (soudainement consciente de son public, ce qui est un peu étrange), oui, certains lecteurs auraient pu espérer que tout à coup elle se mette à aimer, à trouver belles Martha et Maïté, ce qui n’arrive pas. Mais elle les accepte, ce qui est déjà ça et, surtout, elle décide de ne plus s’empêcher de vivre à cause d’eux. De les assumer. De remettre à sa place ceux qui rigolent dans son dos. De saisir sa chance. Et ça, c’est une fin positive qui est crédible et donne encore plus d’impact au récit. À lire !
Le petit plus ? Greer fait plusieurs références à Hunger Games, raconte qu’elle a tenté de rendre son frère lecteur avec Ready Player one et parle des livres qui ont été importants dans son enfance. Elle n’est pas décrite comme une littéraire, on sort du cliché du « rat de bibliothèque », mais le livre fait partie de son univers.
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