Dix ans après les évènements d’À une minute près, Nicolas, mis à la porte par sa mère, s’est réfugié dans les bois, où il vit seul. Un accident lui donne envie de tourner des scènes où il se met volontairement en danger et de mettre le tout sur Internet pour récolter des views et des likes. Son arme secrète ? Sa fonction, sa minute de vie supplémentaire. Il a beau avoir dit à ses abonnés qu’il l’avait perdue, c’est elle qui lui donne le courage de se mettre en danger, persuadé qu’elle lui sauvera la vie au besoin. Mais que se passera-t-il s’il n’a pas le temps de l’utiliser ?
Florence est devenue la confidente de Nicolas, avec qui elle a noué une solide amitié. Mais l’adolescente trouve que cette fonction gâche leur vie au lieu de l’améliorer, qu’elle les empêche de vivre pleinement, qu’elle offre trop de « si ». C’est ainsi qu’elle planifie se débarasser de la sienne… et qu’elle cherche un moyen d’obliger son entourage à l’utiliser aussi. Afin que tous puissent être sur le même pied d’égalité.
Renouant avec l’univers de la fonction, André Marois propose une intrigue actuelle qui se bâtit autour de deux personnages ayant des visions opposées, ce qui lui donne l’occasion d’aborder la portée philosophique de cette minute supplémentaire. Pour les lecteurs intermédiaires.
Je parle d’À une minute près en dégustation littéraire depuis sa sortie et, autant j’ai du plaisir à présenter l’univers et ses possibilités, autant ma lecture m’avait donné l’impression qu’il me « manquait » quelque chose, peut-être parce qu’André Marois s’intéressait beaucoup aux adultes de son récit et que j’aurais aimé qu’il se concentre sur les ados pour explorer davantage leur réalité.
J’étais donc ravie de voir que ce deuxième tome a été écrit autour de Nicolas et Florence. Les adultes sont toujours là (tout comme d’autres personnages du premier livre, chouettes à retrouver) et ont un impact sur leur vie, mais c’est vraiment les deux adolescents et leurs questionnements qui sont mis en lumière. Alors qu’À une minute près s’intéressait aussi plus au secret de l’utilisation de sa fonction (ou pas) et des conséquences, Trois minutes de plus aborde les répercussions de la fonction au jour le jour. Et si cette fonction est un peu surréaliste (son apparition suite à la Deuxième Guerre est exposée de façon très succincte), le quotidien de Nicolas et Florence est, lui, très crédible et ancré dans l’ère moderne, les vidéos de casse-cou de Nicolas faisant notamment écho à ce qu’on trouve véritablement sur Youtube. Si la partie de Florence m’a semblé un peu moins captivante, c’est qu’elle est davantage dans la philosophie (et qu’on ne craint pas pour sa vie), mais ça lui donne justement un intérêt autre : cette réflexion pertinente sur la deuxième chance et l’impact que ça a dans leur vie. Est-ce une chance ou une béquille ? Un frein à une véritable existence, comme semble le penser Florence ?
Et y a-t-il encore matière à une suite dans cet univers ? Je pense que oui…
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