Filles uniques

Xinxin et sa meilleure amie Xia sont nées en Chine alors que la politique restreignait les familles. Le jour où les choses changent, les parents de Xia s’empressent de concevoir un deuxième enfant, au grand dam de l’adolescente. Xinxin, elle, aimerait bien que ses parents fassent la même chose pour qu’elle cesse d’être leur seul espoir, celle sur qui toute la pression retombe. Mais derrière le refus bien net auquel elle se bute, Xinxin décèle autre chose. De la peur. De la gêne. Un secret, en tout cas. Que la jeune fille se promet de comprendre. Même si cela implique que ce en quoi elle a toujours cru vole en éclats, au moment même où elle rencontre Long, qui va lui aussi lui ouvrir les yeux sur son univers…

Après s’être intéressée au sort des filles en Inde avec Celle que je suis, Anne Loyer braque les projecteurs sur la politique de l’enfant unique en Chine, qui a eu lieu de 1979 à 2015, et ses conséquences dévastatrices encore aujourd’hui pour de nombreuses familles. Rythmé par l’angoisse qui entoure le secret familial, il s’adresse à tous les lecteurs.

L’avis de Sophie

Anne Loyer présente un caléidoscope d’expériences en lien avec la politique de l’enfant unique dans ce roman assez court qui va droit au but. Du côté plus léger, il y a la détresse de Xia, quand elle comprend qu’elle ne sera plus « la seule » chez elle, qu’elle devra partager l’amour de ses parents, elle qui n’a jamais cru que ça puisse arriver. À l’autre bout du spectre, il y a Long, deuxième fils que sa mère a mis au monde malgré la politique en place et qui en a payé le prix depuis, Long étant obligé de vivre « dans l’ombre » , sans existence légale au pays, donc sans papier, sans futur. Et au milieu de ça, il y a Xinxin, dont le nom signifie « coeur à coeur », qui découvrira qu’elle a une jumelle, adoptée en France, secret familial qui fera éclater la dernière bulle de l’enfance de l’adolescente de 15 ans.

Anne Loyer a une grande sensibilité et en fait de nouveau ici la preuve dans un récit qui se révèle être à double voix puisqu’on comprend rapidement que les lettres qui ponctuent la narration de Xinxin sont celles de Lotus, sa jumelle, qui raconte son quotidien à une « amie imaginaire » et explique, par la démonstration, certaines des raisons de son adoption. Bien qu’intéressée par le sujet, j’ai trouvé que c’était un peu court pour les nuances. La colère de Xinxin est bien montrée, mais il reste encore de nombreuses zones qui auraient pu être explorées davantage, notamment du côté des réactions familiales. N’empêche, c’est un récit efficace qui ouvre les yeux sur une réalité méconnue, et ça, c’est précieux.  

Merci à Slalom pour le service de presse !