Bande de poètes

Fils du maire de la ville, Julien doit quitter ses amis du primaire, qui iront dans une école privilégiée, pour intégrer un collège situé dans un quartier difficile. Dès son arrivée, il devient la cible d’Amir, qui se sert de tout prétexte pour le charrier, et tombe aussi amoureux de Nour, la soeur de son bourreau. Heureusement pour lui, l’amour est réciproque, et Abou, un ami à la fois d’Amir et de Nour, devient son protecteur. Mais Amir attend son heure et la confrontation se produira… tout en produisant un résultat inattendu. Et s’ils avaient en fait des passions compatibles ?

Explorant les thèmes de l’amour, des inégalités sociales, de la violence familiale et de l’amitié, le tout sous fond de musique, Alexandre Chardin signe un roman entièrement composé en alexandrins (oui, oui) qui s’ancre dans la culture européenne (avec foot et cités) et choisit de voir le positif malgré les thèmes plus difficiles.

L’avis de Sophie

Bande de poètes, c’est d’abord un exercice de style. Si les romans écrits en vers se multiplient (à mon grand bonheur), ici Alexandre Chardin pousse le jeu encore plus loin et propose un récit entièrement rédigé en alexandrins, un défi colossal… que j’ai voulu aimer davantage.

Est-ce que c’est intéressant ? Oui ! Est-ce qu’il y a des passages chouettes ? Oui ! Est-ce que ça fonctionne ? Ça, c’est une autre question. Parce que faire un roman en alexandrins implique qu’il faut tenir compte du nombre de pieds de chaque vers et des rimes finales. Il faut donc jouer avec le vocabulaire et faire des concessions sur la crédibilité d’un mot ou d’un autre à un moment donné, ce qui crée des inégalités de style. Parfois il y a des ellipses, parfois pas. Parfois un mot super recherché se retrouve au milieu d’un dialogue où il détonne, parfois la langue est pauvre là où on l’attendait plus riche. L’ensemble donne donc l’impression que le style a pris le pas sur le fond.

Par ailleurs, l’histoire est assez clichée. Le fils du maire obligé de fréquenter un collège en milieu difficile, lui qui est passionné de trompette, ne connait pas la bonne musique, ne porte pas les marques populaires… la fille à la peau couleur caramel qui lui tombe de suite dans l’œil, le gros dur qui veut l’attaquer (mais se fait aussi frapper à la maison, ce qui explique cela), l’aide-ménagère noire… des éléments qu’on a vu souvent, qui représentent certaines réalités, oui, bien sûr, mais qui manquent parfois de nuances, surtout dans un cadre comme celui-ci où on les détails sont moins présents et donc où on perd cette profondeur qui nous aurait permis de découvrir autre chose et d’être étonnés. Au final ce lien qui se fera entre Amir et Julien est chouette (et surprenant), mais ça m’a semblé trop gros pour être totalement crédible. Bref, petite déception, mais je salue l’exercice !  

Merci aux éditions Casterman pour le service de presse !