Dague un voleur et espion qui vit dans les Gorgones de la cité. Rusé et habile, il accomplit des missions pour son chef en rêvant d’économiser assez pour embarquer sur un bateau et vivre de folles aventures. Mais voilà, alors qu’il est en mission de surveillance, il assiste à une agression… et décide de s’en mêler.
La cible ? Mira, une adolescente archiduchesse qui s’est enfuie d’Asthénocle pour éviter le mariage forcé avec un tyran qui a pris le pouvoir de force et compte sur l’intelligence stupéfiante de la jeune femme pour améliorer des monstres de son invention.
En sauvant la mécamage, Mira étant capable de combiner ses pouvoirs à de savants montages d'ingénierie mécanique, Dague met le pied dans un nid de serpents et les deux adolescents n’auront bientôt d’autre choix pour survivre que de traverser la barrière protectrice de la cité pour se retrouver dans la jungle… infestée de dragons sanguinaires.
Après Sortilèges et engrenages, qui se situe dans le même univers, mais peut être lu indépendamment, Adrien Tomas revient en alliant fantasy et steampunk pour le plus grand plaisir des lecteurs. Avec une intrigue dense, remplie de rebondissements, cette brique de 625 pages s’adresse aux lecteurs intermédiaires et avancés.
Oh quelle chouette histoire ! Il faut dire que j’aime beaucoup les livres de fantasy tout comme ceux de steampunk, j’étais un peu gagnée d’avance. Déjà, Engrenages et sortilèges m’a attirée, mais je n’ai pas eu la chance de le lire. J’arrivais donc avec des yeux neufs dans le monde que l’auteur français a construit avec soin et je dois dire que je n’ai pas été déçue.
Si les personnages sont bâtis sur certaines constructions assez typiques, ils sont attachants et forment un duo intéressant. Dague est le plus sensible, le plus intuitif, élevé par un fantôme, la vieille Kimba et mené par son cœur. Mira est analytique, sceptique, curieuse. La présence fantomatique de la mentore de Dague et l’arrivée de Cuthbert, un mini dragon à fort caractère, en cours de route, viennent ajouter du piquant. Les relations humaines prennent toutefois une autre dimension quand les héros rencontrent les Huzuni.
Côté intrigue, les rebondissements ne manquent pas. En fait, c’est typiquement le genre de récit qui aurait pu s’étendre sur plusieurs tomes parce qu’il y a vraiment beaucoup de ramifications, de sous-intrigues, d’éléments qui viennent nourrir la quête des héros.
Et le bonus, c’est qu’à travers cette aventure forcément imaginaire, Adrien Thomas parle de nous, de notre modernité, de notre réalité, de nos choix. Parfois sous forme de clin d’œil, quand il fait dire à la commandante Mikovna (chouette personnage féminin d’ailleurs) que la démocratie c’est bien, mais que c’est le risque de porter au pouvoir un imbécile charismatique ou un menteur compulsif (si vous voyez de qui je parle), parfois de façon plus appuyée, par exemple avec Mira, qui est brillante, mais ne s’attache pas amoureusement aux gens, ne ressent pas de désir, ou Shumbi, dont le sexe est encore hésitant (les Huzuni peuvent en effet choisir, et Shumbi aime bien passer de l’un à l’autre), ce qui entraine chez Dague de nouveaux questionnements liés à son attirance envers iel. Ça reste un peu survolé parce que bon, l’action est au coeur du récit et que, comme je l’ai dit, on aurait pu faire une série en plusieurs tomes avec cette aventure, mais c’est intéressant que ça y soit.
En fait, mon seul bémol, c’est que les personnages de vilains sont très, très stéréotypés. En voyant à quel point Arlov est capricieux, impulsif, premier degré, c’est difficile d’imaginer qu’il a pu mener un coup d’état dans un royaume rempli d’intellectuels. Ça ne m’a pas fait décrocher, mais j’ai tiqué à quelques reprises. Heureusement que le reste de l’intrigue est aussi chouette !
D’ailleurs, bonus, on peut découvrir une autre partie de cet univers dans Engrenages et sortilèges, précédemment édité chez Rageot, mais aussi dans Les Vaisseaux d’Arcane, paru en littérature adulte (et ça, un univers qui se décline des deux côtés, ça me semble très rare !).
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