Envoyée vivre son confinement chez Arlette, une ancienne infirmière à la retraite, Nina râle sa vie. Avec un accès internet limité, loin de ses copines, presque sans contact avec l’extérieur, l’adolescente tourne en rond et cherche à se désennuyer en allant fouiller dans les malles de la cave. C’est alors qu’elle tombe sur la vieille photographie d’un adolescent… qu’elle vient de croiser dans l’escalier. Comment Natan, adolescent juif qui s’est caché dans l’immeuble lors de la Deuxième Guerre mondiale, peut-il être encore entre ces murs en 2020 ? Le confinement de Nina prend une autre couleur quand elle cherche à résoudre ce mystère et découvre le passé d’Arlette…
À six mains, Christine Féret-Fleury, Fabien Fernandez et Charlotte Bousquet ont écrit un roman dont la touche fantastique permet à l’Histoire de rencontrer l’actualité. Dans ce récit qui parle de soi et du rapport aux autres, ils abordent tant des thématiques sociales que personnelles.
C’est drôle, car même si j’ai lu des romans postapocalyptiques qui ressemblaient vraiment aux suites d’une épidémie, c’est le premier livre que je lis où il est question du coronavirus et du confinement associé. C’est à la fois étrange et fascinant parce qu’on revit avec Nina un épisode qui est proche de nous tout en semblant loin (le début, l’inconnu, rappelez-vous) au moment justement où on déconfine. En même temps, ce contexte de pandémie est presque un prétexte pour l’histoire, l’enfermement de Nina faisant écho à celui de Natan et de sa soeur Line, juifs cachés sous les toits lors de la Deuxième Guerre mondiale. Ainsi, celle qui l’héberge, Arlette, revit un pan de sa jeunesse avec les délations et les voisins désagréables, ce qui permet à ses souvenirs de guerre de remonter… et à l’histoire d’être racontée. C’est brillamment imbriqué et on sent tout au long du texte l’engagement des auteurs : pour le personnel infirmier, contre la délation, mais aussi pour la diversité des orientations sexuelles, Arlette ayant eu elle-même une amoureuse et hébergeant chez elle des jeunes d’une association LGBT qui ont besoin d’un toit.
Le trio d’auteur a par ailleurs réussi à faire tenir cette histoire dense dans un format court, accessible aux lecteurs un peu plus réfractaires, et le tout est très fluide malgré les trois plumes. L’alternance des voix permet à chaque auteur de prendre sa place, mais sans l’avoir su, je n’aurais sans doute pas réalisé que c’était trois auteurs distincts tant on ne sent pas de grosses différences, sinon dans le ton et les références directement liées aux personnages : le regard plus sombre et stressé de Natan, la douce expérience d’Arlette, l’intensité de Nina. Vraiment, chapeau !
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