L'histoire sur mon visage

À 17 ans, Abby fait partie des plus populaires de son école et profite parfois de son statut, future actrice de talent, amoureuse comblée, pour être désagréable avec les autres. La situation se renverse toutefois lorsqu’elle se retrouve un jour entre une ourse et ses petits. Six mois après l’accident, malgré toutes les opérations subies, son visage est devenu une courtepointe, sa peau laissant voir ses nombreuses coutures. Son amoureux s’est détourné d’elle à l’hôpital sans vraiment lui donner de raisons, ses amies ont cessé de venir la voir. Le retour à la réalité est donc brutal, d’autant plus que son précédent copain, qui n’a jamais digéré le fait qu’elle l’ait trompé, est bien déterminé à se venger. Ça passe par le petit surnom qu’il lui a trouvé et qu’il répète sans cesse, « snack à ours », mais aussi par des attaques, qui seront de plus en plus violentes. Et si sa vie s’était arrêtée là, le jour où l’ours l’a attaquée ?

Avec L’histoire de mon visage, Leanne Baugh parle d’estime de soi et de la reconstruction de la confiance après un tel changement physique, mais aussi d’amitié, de transidentité, d’amour, de culpabilité, de famille et de deuil. Pour les lecteurs intermédiaires !

L’avis de Sophie

J’ai vraiment aimé découvrir cette histoire qui s’ancre dans un quotidien canadien que je ne connais pas, celui des ados qui vivent près des rocheuses et s’y rendent très souvent pour des trekkings malgré la faune pour le moins sauvage qui y demeure. L’ambiance scolaire fait un peu clichée au départ, avec ses bandes et les différents niveaux de popularité, mais ça place le décor et le retour d’Abby vient bousculer les habitudes, alors que la jeune fille a « perdu des échelons » et se cherche une nouvelle place malgré la solitude, l’incompréhension et les attaques extérieures, qui ne sont pas des plus douces. J’ai relevé justement la cruauté des coups dans Stella, que fais-tu là ? et je remarque la même chose ici, mais rassurez-vous, pas pour m’en plaindre. On a beau parfois vouloir croire que l’adolescence est douce, mais ce n’est pas toujours le cas et le personnage de l’ex, profondément blessé, ne fait pas dans la dentelle quand il s’agit de se venger.

« Les humains sont devenus mes prédateurs, et ils sont sans pitié. »

La force de Leanne Baugh est justement de parler des relations interpersonnelles en montrant les sables mouvants que ça peut devenir. J’ai eu un coup de coeur pour le lien entre Abby et son père, en deuil de son ex-femme et flirtant dangereusement avec l’alcoolisme. On croit à ce qui les unit et on voit aussi comment cette relation a un impact sur la maturité de l’adolescente, ce qui rend crédible le cheminement qu’elle fait sur elle-même.

Sa quête d’Abby pour « se » retrouver malgré ses changements physiques est touchante. D’ailleurs plusieurs informations sont données lors des groupes d’entraide pour les adolescents qu’Abby fréquente à propos de l’acceptation de soi malgré un physique différent et je pense que ça peut parler à ceux qui ont parfois de la difficulté à vivre avec leur propre image.

Bref, c’est une histoire qui peut en rappeler d’autres à de grands lecteurs, mais qui se distingue aussi par son approche. Le récit fait réfléchir à nos agissements, à ce qui se cache derrière les visages de tous, qu’ils soient beaux, atypiques ou… reconstruits.  

Merci à Hurtubise pour le service de presse !