Grimoire noir

Quand la petite sœur de Bucky disparait, sa mère devient inconsolable, ce qui peut devenir dangereux dans un village où les femmes sont sorcières et où les larmes peuvent se transformer en rivières. Alors que Blackwell se remplit d’eau et que son père, pourtant shérif, piétine dans son enquête, bloqué par les traités d’entrer dans des demeures suspectes, Bucky se lance à son tour dans l’enquête. Pour cela, il aura besoin de Chamomille, son amie d’enfance qui s’est éloignée depuis quelques années. Guidé par elle, il découvrira les jeux de pouvoir de Blackwell et le désir profond de ses habitantes de sortir de ses murs. Retrouver sa sœur, en plus capable de se rendre invisible, ne sera pas facile…

Bijou esthétique, cette bande dessinée, un tome unique divisé en douze chapitres, entraine ses lecteurs dans un univers envoutant qui rappelle celui de Tim Burton et flirte avec l’horreur alors que l’histoire de la ville de Blackwell s’entremêle à l’enquête. On vise ici les grands lecteurs, habitués aux intrigues plus complexes !

L’avis de Sophie

Oh quel voyage que celui-ci ! Le scénario est foisonnant avec une large galerie de personnages, tout.e.s plus fascinant.e.s les un.e.s. que les autres, un contexte historique (et magique) riche et de nombreuses intrigues parallèles qui viennent nourrir le filon de la principale. C’est une bande dessinée qui demande de l’attention, particulièrement au départ, alors que l’univers et ses protagonistes se déploient et que de nombreuses informations sur le village de Blackwell et son histoire (avec des liens avec l’histoire américaine) sont données. Et comme beaucoup de détails sont importants pour la suite de ce récit costaud de 280 planches, il ne faut pas s’égarer en chemin !

Il y a donc l’histoire principale, avec l’enquête et les jeux de pouvoir, tant du côté des autorités que de celui des sorcières de la ville alors que la plus puissante sort bientôt de prison et que les pouvoirs semblent perdre de la force, mais aussi toute une exploration des moments charnières dans les relations, entre l’enfance, l’adolescence et l’âge adulte, quand on découvre ce qui se cache derrière le voile de la naïveté. Il est par ailleurs question de la place de la femme (qui, même plus puissante que l’homme, est contrainte) dans la société en filigrane. Bref, le scénario est solide et il bonifié par les illustrations à couper le souffle. Le talent de Yana Bogatch est indéniable et ses planches au look gothique, dans des teintes sombres où les quelques apparitions de lumière viennent apporter du relief et sont parfois source d’angoisse supplémentaire, sont parfaites pour ce type de récit. Un superbe album !