Un simple soupçon

Les parents de Jacob pensaient bien faire. Sissy, la benjamine de la famille, est un peu maigre pour son âge et, leur médecin habituel ayant pris sa retraite, ils se sont tournés vers les canaux officiels. Toutefois, ce que les spécialistes qu’ils rencontrent remarquent, c’est surtout le surpoids du reste de la famille, ce qui, selon les nouvelles règles du Leader, se trouve être un signe de maltraitance. Heureusement, un nouveau programme vient d’être mis en place et la famille de Jacob est la première à en bénéficier : ils intègrent une maison dans laquelle tout ce qu’ils mangent et l’heure à laquelle ils le font sont surveillés et où ils doivent faire du sport au moins une heure par jour. Pour que les parents puissent continuer à prendre soin de leurs enfants, ils doivent toutefois perdre du poids.

Sandrine Beau s’est inspirée d’un programme bien réel en Grande-Bretagne pour écrire ce récit qui se trouve à la limite entre la fiction et la dystopie et est porté par deux voix : celle de Jacob et celle de sa meilleure amie. Abordant les thèmes de la grossophobie, de la famille et de l’amitié, il s’adresse à tous les lecteurs. 


L’avis de Sophie

C’est un livre bien particulier que celui-ci, car Sandrine Beau utilise tous les codes de la dystopie pour présenter un récit qui se trouve pourtant à la frontière du réel, ce qu’elle explique d’ailleurs à la fin du roman, puisque de telles dérives se produisent réellement, au mépris de ce que la science nous enseigne actuellement sur la génétique et les diètes.

Il faut du courage pour s’attaquer au thème de la grossophobie, qui peut être sensible et éveiller de nombreuses réactions. L’angle choisi est intéressant et permet justement de nommer les dérives et de montrer leur non-sens. Mon seul bémol est que l’autrice aurait peut-être pu aller un peu plus loin dans les raisons qui prouvent que cette direction est la mauvaise, ne serait-ce que pour éduquer ses lecteurs. Elle a toutefois fait le pari de se centrer sur l’histoire et les relations entre ses personnages, ce qui fonctionne bien et rend le livre plus touchant (et comme elle éveille bien la curiosité, on peut aller faire ses propres recherches si on le souhaite).

Par ailleurs, Les petites sœurs de Jacob sont particulièrement attachantes et la structure du récit, en deux narrations et deux temps, permet de créer une dynamique intéressante tout en permettant au lecteur de mieux comprendre ce qui se produit. Bien sûr, on aurait pu aller plus loin, mais la forme choisie, plus courte, permet de rendre le récit accessible à tous les lecteurs. À découvrir !  

Merci aux éditions Mijade pour le service de presse !