Avoir sa mère sur des pancartes d’élection, c’est voir des pénis dessinés sur sa tête. C’est aussi devoir changer d’école parce qu’une candidate potentielle au poste de ministre de l’Éducation ne peut pas avoir un enfant qui va au privé. Toutefois, Hugo voit presque ça comme une chance : celle de pouvoir passer sa dernière année incognito, en pause sociale. Ça, c’est le plan. Après, il y a la vie. La campagne politique qui s’invite dans sa cuisine, sa mère qui doit faire face à la meute de journalistes et Jade, une fille ambitieuse qui jette son dévolu sur lui. Une cinquième secondaire dans l’anonymat ? Aucune chance !
Auteur de théâtre, Pier-Luc Lasalle signe un premier roman pour ados qui décoiffe avec Politiquement incorrect. Abordant les thèmes de la politique, de la famille, de l’adolescence au sens large et de l’engagement social, il s’adresse à tous les lecteurs, mais avisés quand même, la sexualité étant assez présente !
Prévu l’an passé, ce livre me faisait déjà envie. Mais avec la campagne politique qui vient de se terminer au fédéral et celle qui se déroule toujours au municipal au Québec, il est encore plus d’actualité. C’est facile de juger les politiciens du confort de notre salon, de rire des frasques des petits nouveaux aussi, mais imaginez si vous étiez leur enfant…
Dès les premières pages, Pier-Luc Lasalle vise le cœur de la cible avec ce livre qui donne voix à un ado crédible, tant dans son rapport parfois tendu avec la destinée de sa mère que dans ses relations interpersonnelles. La langue est crue, mais tout à fait collée à celle utilisée dans les classes, les références culturelles ancrent le récit dans le présent et on suit avec plaisir Hugo se démener avec ce que les autres font de sa vie… jusqu’à ce qu’il décide de se prendre en main lui-même. J’ai aussi aimé les incursions chez la psy, les séances s’intercalant entre les chapitres, alors qu’on observe l’adolescent essayer de se comprendre lui-même à travers le chaos de sa vie.
J’ai vraiment eu beaucoup de plaisir à découvrir l’univers, les péripéties, mais aussi à voir vivre dans ses pages des jeunes authentiques, qui ressemblent à ceux qui peuplent les écoles secondaires. Oui, ils un rapport parfois surprenant à leur corps, à leur sexualité, ils utilisent des codes qui peuvent étonner les adultes, mais ils sont aussi allumés, créatifs, ouverts.
Bref, c’est un roman et un thème qui convient parfaitement au format « tome unique » typique du Parc d’en face, nouvelle « créature » des éditions Les Malins, et j’espère que Pier-Luc Lasalle se commettra de nouveau bientôt en littérature pour ados !
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