Sierra passe ses étés et ses weekends dans le bois, dans un chalet rustique avec son père. L’adolescente préfère en effet ces moments hors du temps avec son paternel aux habituelles soirées entre ados, parce qu’il y a la complicité qu’ils partagent, oui, mais aussi ce mode de vie qui lui permet de vraiment respirer, entre les histoires autour du feu, les ronflements sous le toit et les journées de pêche. D’autres pourraient juger ce père qui s’est un peu effondré suite au divorce et boit sans doute plus que la moyenne, mais Sierra se sent bien avec lui, trouve une normalité dans cette vie, même si parfois ça implique qu’il s’endorme au volant sur le chemin du retour du lac. Comme ce soir-là. Sauf qu’au réveil de l’adolescente, qui s’était endormie avec avant lui, rien ne va. Son père ne dort pas, il a fait une crise cardiaque. Et le réservoir est vide. Isolée sur un chemin de campagne perdu, en seule compagnie de ces voleurs qui viennent piller les riches chalets dès que la saison estivale se termine, Sierra va devoir trouver sa voie. Mais elle n’est pas une outarde…
Avec Je ne suis pas une outarde, Sébastien Gagnon signe un récit psychologique déconstruit, qui commence par une fin tragique et nous propose une rencontre avec un personnage hors norme ainsi qu’un mode de vie à des lieux de l’urbanité. Constitué d’une série de courts passages, le livre est accessible à tous.tes.
Voici un roman particulier, ovni littéraire, dans son sens, dans le style de l’auteur et dans sa vision à coutre-courant de ce qui se fait le plus, soit des récits urbains et une relation plus engagée environnementalement, avec de plus en plus de héros végétariens, par exemple. Ici, oubliez les tendances vegan : quand Sierra voit un orignal, c’est à sa viande qu’elle pense tout en salivant. Et si on n’a plus de chips, on peut aller chercher son énergie dans la bière, même si on n’a pas l’âge légal. Caricatural ? Du tout. Oui, le père de Sierra ne semble pas l’avoir facile et pourrait être jugé dans sa manière de voir la parentalité, mais on sent aussi toute l’importance qu’a sa fille pour lui et on comprend qu’il fait comme il le peut. D’ailleurs, leur histoire est rendue de façon tellement juste et authentique qu’on s’attache tout de suite aux personnages à travers les fragments, courts, qui se succèdent, jusqu’au drame, la fuite, la finale. Sombre, sachez-le. C’est un véritable ovni littéraire, de ces livres qui pourraient vraiment parler à un lectorat plus âgé, mais moins habile parce qu’il est très accessible, tout comme il pourrait plaire aux plus littéraires par sa forme surprenante, ses images. Un hybride, un objet difficile à décrire, une histoire qui nous sort de notre zone de confort, mais aussi un bijou. À lire !
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