Jimmy Diamond est une merde

Il y a Édouard et ses amis qui enlèvent des hommes âgés pour leur voler 2000 dollars avant de leur rendre leur liberté sans les blesser. Il est temps d’arrêter, les « braqueurs d’ainés » commencent à faire parler d’eux, mais ils décident de faire un dernier coup.

Il y a Raymond Leduc, chef des motards, qui a accepté un étrange rendez-vous fixé par son bras droit. Son instinct lui murmure qu’il y a peut-être un problème qui couve.

Il y a Judith Garon, fille d’un célèbre enquêteur qui voudrait dont montrer ce dont elle est capable.

Il y a une série de coïncidences qui font que ce soir-là, devant un restaurant italien, quatre adolescents enlèvent, sans le savoir, le chef des motards de Montréal, semant la panique dans les organisations criminelles de l’ile…

Avec humour et panache, dans un style bien à lui, Hugo Meunier signe un récit qui met en scène quatre adolescents qui font un face à face plutôt brutal avec le monde du crime organisé. Rapide et rempli de rebondissements, le roman vise les lecteur.trice.s intermédiaires.

L’avis de Sophie

Ébouriffant. Voilà le premier mot qui me vient en tête pour parler de ce roman d’Hugo Meunier, qui arrive en littérature ados (jeunes adultes) avec un style bien à lui qui se ressent entre autres dans le narrateur « omniscient en esti » (interpelant son lectorat pour lui rappeler qu’il est mieux de ne pas aller sur tiktok s’il veut avoir une chance de comprendre, par exemple), ainsi qu’une histoire qui mélange psychologie adolescente, mauvaises idées, motards, mafia, quête de pouvoir, recherche de soi, manipulations et trahisons (et encore, j’ai fait une sélection). Unique en son genre dans le paysage littéraire québécois, ce roman me semble être un tout ou rien : soit on aime beaucoup, soit on déteste ! Pour ma part, je penche du premier côté.

Il faut dire que l’idée première du groupe d’ados qui kidnappent des petits vieux le soir, les gardent dans un entrepôt le temps d’aller faire deux retraits, un avant et un après minuit, et les libèrent avec de quoi se payer un taxi est déjà amusante, mais alors quand ils tombent sur le chef des motards, le tout devient délirant et ouvre la porte à beaucoup de plaisir. C’est touffu, c’est parfois un peu cliché parce que bon, c’est un tome unique et qu’il y a beaucoup de matière à y faire entrer alors certains coins sont tournés ronds, mais il y a aussi une modernité et une volonté de sortir des sentiers battus qui se ressent à travers l’ensemble des pages et notamment dans la galerie de personnages. Elle valse d’ailleurs entre les clichés et le hors-piste, alors qu’on a un chef de bande beau gosse à qui tout réussit, une petite frappe un peu trop attiré par la violence, une policière prise dans l’ombre de son père et un chef des motards assez typique (avec une épouse qui l’est tout autant), mais aussi une kidnappeuse en hidjab, un chef de mafia aux allures de professeur de maths et un triangle amoureux atypique… tout ça sans compter le Jimmy Diamond du titre, qui ne fait qu’une courte apparition explosive.

La langue est crue, il y a certes de la violence (on ne fait pas dans les tapes sur les doigts, chez les motards et la mafia) et ça pourrait en décoiffer certains, mais c’est un titre qui est aussi bienvenu dans un paysage parfois un peu lisse. Alors, oserez-vous ?

Merci aux éditions Les Malins pour le service de presse !