Il est parti. Il s’est éloigné d’Alice et de Florence le temps de reprendre pied, même si les sourires de sa femme et de sa belle-fille sont sa source de joie. Dans cette solitude, il laisse les mots couler, sa poésie formant peu à peu le chemin du retour. Une route qu’il parsème de notes personnelles adressées à sa fille.
Enjamber le temps (et ses miroirs) est un recueil de poésie qui donne la parole à un narrateur adulte et aborde des thèmes liés à sa propre réalité, avec le temps qui file, la peur de la mort, la vieillesse, tout en accordant aussi une large part à la relation qui l’unit à Florence. Lecture surprenante, un peu ovni littéraire, cette oeuvre s’adresse à un lectorat mature et persévérant qui n’a pas peur de la poésie en général.
Quel livre particulier, tout à fait hors du temps, tout à fait hors norme aussi dans la littérature jeunesse puisqu’il donne la parole à un adulte, le narrateur, et, si on sent tout au long la présence de sa belle-fille adolescente en filigranes et dans les notes de bas de page, elle n’est jamais vraiment là.
Le ton aussi est particulier. Tantôt Pierre Labrie utilise des images plus claires, tantôt il offre des passages complexes où la syntaxe se fait poète et où les images s’alignent sans pourtant créer un sens pur sinon le plaisir de les découvrir, le rythme qui se dessine. C’est une lecture qui demande de l’abandon : on avance à tâtons, sans savoir, on récolte des indices, on comprend peu à peu le lien entre le narrateur et Florence, le rôle d’Alice aussi, mais il n’y a qu’à la fin qu’on a vraiment accès à des éléments plus concrets. C’est donc tout à fait le genre de livre qui se relit, qui offre différentes expériences de lecture aussi, parce qu’on peut alterner entre les poèmes et les notes ou encore lire entièrement la poésie avant de s’intéresser aux notes ou inversement. Bref, c’est une belle pépite, mais qui s’adresse davantage à un lectorat plus habile avec la poésie, qui accepte de ne pas suivre une histoire ponctuée de repères clairs.
Le petit plus ? Le livre s’inscrit dans un cycle poétique, les personnages en interaction ici étant déjà présent dans Nous sommes ce continent et Un gouffre sous mon lit.
Merci à Soulières éditeur pour le service de presse !
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