1865. Hidalgo se promène dans le far west accompagné de ses cinq filles et de son garçon, aveugle, tous adoptés. D’un côté, il est ce mentor aimant, rigoureux, moderne, qui inculque les bonnes valeurs à son clan et les prépare à se défendre face à un monde qui ne fait pas de quartier. De l’autre, il est connu comme l’Ange de la Mort, tueur impitoyable qui a laissé des paysages désertiques et sanglants derrière lui. Et quand son ennemi de toujours retrouve sa trace, il se pourrait bien que le voile qui sépare les deux univers soit déchiré.
« Pendant toute leur enfance, Hidalgo leur avait inculqué un respect absolu de toute forme de vie. Animale, végétale et bien entendu humaine. En même temps, les enfants avaient été témoins de sa folie destructrice à l’égard de ceux qui avaient eu le malheur de se dresser sur sa route. L’éducation de leur père avait été tout sauf cohérente. »
Avec ce roman fleuve qui démarre lentement, mais dévoile des scènes d’action, des émotions fortes et une structure narrative enlevante, Taï-Marc Le Thanh offre une pépite à un lectorat avancé… et avisé.
Oh la la, sachez que ce livre est un tour de force ! Taï-Marc Le Thanh est reconnu pour le souffle de ses aventures et la construction fine de ses personnages (ainsi que pour ses talents artistiques, pour ceux qui le suivent sur les réseaux sociaux), mais il démontre encore une plus grande maitrise de son art ici avec un roman qui joue avec les codes du far west pour livrer une histoire touchante… tout en étant captivante et sanglante par moment !
La force vive de de ce roman, c’est l’équilibre, alors qu’on navigue entre un récit psychologique qui montre l’évolution d’une fratrie atypique, presque un anachronisme pour l’époque tant les caractères des filles sont affirmés, et un roman d’action où s’enchainent des scènes que Tarantino aurait un plaisir fou à mettre en images. Le début est particulier, alors qu’une journaliste rencontre une vieille dame qui veut lui raconter son histoire. Puis on bascule dans le far west, à la rencontre de ces personnages qui sont tout de suite attachants, Hidalgo en tête, mystérieux, droit, bienveillant, mais l’action n’est jamais loin, après tout on est dans un contexte difficile, un climat rude, un monde qui se construit dans la violence.
Violence qui est gardée en périphérie au départ, mais qui frappera de toute sa fureur en cours de récit, faisant naitre en chacun des enfants une rage dévorante qui les mènera à une vengeance… sanglante. Et pourtant, jamais dénuée de douceur dans les relations entre les personnages. Surprenant. Un coup de maitre, vraiment !
Le bonus ? L’auteur fait aussi place par moment à l’illustrateur, parsemant son texte de carnets graphiques offrant des portraits, de brefs textes rédigés par les personnages, autant de trésors qui viennent ajouter une couche supplémentaire à un récit déjà généreux en sens et en surprises.
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