Joe, Ellie, Violet, Peaches et March.
« Je dansais. C'est le meilleur moyen de ne plus penser à rien. Les yeux fermés, la tête rejetée en arrière. Tout laisser de côté. »
Quand ça commence, tous regardent Ellie danser près de la scène du festival. Comment ne pas faire autrement alors toutes les lumières se reflètent sur sa robe ? Mais les premiers coups de feu sèment la panique et le mouvement de foule est violent. Rapidement, chacun se rend compte que les issues sont bloquées. Que les tireurs sont nombreux. Déterminés. Organisés. Et n’ont pas l’intention de laisser de survivants.
Entrainant ses lecteur.trice.s dans le stress d’un attentat terroriste, minute par minute, Sera Milano signe un thriller haletant qui parle d’incompréhension, de famille, d’entraide, de survie. Pour un lectorat avisé, intermédiaire et avancé.
Ouf. Attention, c’est le genre de livre à lire sous le soleil, dans un endroit confortable, bien entouré.e, et à portée de contact de nos proches. Parce qu’entrer dans Et pourtant nous sommes vivants, c’est plonger dans l’horreur d’un attentat et le vivre, le ressentir, tout au long de ces 320 pages où chaque minute est décrite en détail avec minutie.
Inspiré de la tuerie de masse survenue en 2011 sur l’ile d’Utoya en Norvège, ce roman choral se compose des témoignages des personnages principaux, qui débutent tous la soirée à des endroits différents, puis se croisent, s’entraident et se suivent jusqu’à la fin. C’est un procédé immersif qui décuple le ressenti, ce qui est donc assez violent, mais le bon côté c’est que cette idée de « témoignage » nous rassure sur leur survie. Tous et toutes ne s’en sortent pas indemnes, mais ils s’en sortent (en revanche, ne vous attachez pas trop à celles et ceux qui ne prennent pas la parole…).
J’ai vraiment eu l’impression d’entrer dans une bulle au fil de ma lecture et de cesser de respirer. J’ai dévoré le tout en une seule journée, comme si je vivais l’histoire au rythme où elle se déroule, incapable d’abandonner les personnages sans savoir. C’est donc très efficace, disons-le, et même si c’est parfois un peu plus lent et que certains évènements peuvent sembler répétitifs, je n’ai pas décroché. Sachez toutefois que c’est dur, notamment parce que c’est très réaliste. Et qu’on ne souhaite ça à personne.
Le petit plus ? L’autrice a fait le choix de ne pas parler des auteurs de l’attentat, de ne pas les nommer ou les décrire, de ne pas non plus parler de leurs motivations. Comme elle le dit si bien de par la bouche d’un de ses personnages : la motivation derrière le geste ne change rien. Ça s’est passé. Et celles et ceux qui méritent notre intérêt, ce sont les victimes. Point.
« Ce que je veux, c'est que vous vous intéressiez à nous, et à ceux qui étaient là avec nous. Ceux qui n'ont pas eu autant de chance que nous. Ce sont eux qui comptent. Tout ce que je peux vous dire sinon, c'est que rien ne justifie ce qui s'est passé. Que rien ne peut rendre ces actes pardonnables. Tout ça n'a pas de sens, et si vous êtes sensés, alors vous ne pourrez jamais les comprendre. Moi, je ne les comprendrai jamais. Alors que j'étais sur place. »
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