« Pour mourir, il faut être vieux. Ou alors gravement malade. On doit habiter dans un pays où c’est la guerre, très loin d’ici. Mais c’est ailleurs. Ici, on ne meurt pas en revenant de l’école. À neuf ans. »
Impossible de mieux résumer l’essence du roman de Geneviève Piché.
Alors que la classe d’Ève accueille la rentrée scolaire avec fébrilité, que la jeune fille attend avec impatience de revoir le beau Thomas, celui qui fait battre son coeur en secret, celui-ci manque à l’appel. Premières montagnes russes pour les enfants, qui apprennent que leur ami combat un cancer virulent.
Dans son enthousiasme un peu fatiguant, Émeline participe à une levée de fond pour Leucan. Elle arrive tête rasée et pimpante. Par tous les moyens, elle cherche à gagner l’amitié d’Ève qui, elle, tente de s’en débarrasser subtilement. Le jour où les deux filles travaillent en équipe, mais que Émeline s’éclipse en prétextant un mal de tête, Ève éclate. Elle lui crache au visage ses quatre vérités.
Le lendemain, Émeline n’est pas à son pupitre. Malheureusement, elle n’y sera jamais plus.
Vingt-cinq moins un est roman poignant qui saura émouvoir et faire réfléchir les lecteurs de 10 ans et plus. Encore, il fera assurément surgir plusieurs questionnements. Il mérite donc un accompagnement, voire des pauses de lecture pour inviter les enfants à exprimer leurs émotions et s’approprier chaque ficelle que tisse l’auteure.
Dès les premières pages, je savais que je vivrais une montagne russe d’émotions. Et je dois avouer que j’étais un public difficilement gagné d’avance puisque s’il m’arrive souvent d’être émue ou de rire en lisant des romans, force m’est d’admettre que peu de ces derniers me font pleurer. Geneviève Piché a su trouver l’amalgame parfait entre poésie, douceur et douleur pour que je verse quelques larmes.
Plusieurs éléments prouvent la force de Vingt-cinq moins un. D’abord, le titre, bouleversant en lui-même. Cette équation pointe le projecteur sur une formule mathématique que nul enfant devrait connaitre. Si la mort de Émeline est en soi un évènement tragique, elle enlève un joueur, une personnalité, une entité tous essentiels au tout que forme un groupe d’élèves.
Aussi, Geneviève Piché a su montrer, par le biais de la correspondance de l’enseignante avec la jeune disparue, autant les émotions paradoxales vécues par les élèves que par l’enseignante. Elle collige les doutes de cette dernière, prouvant la faillibilité des adultes lorsque survient un évènement dramatique.
Ensuite, où j’aurais pu trouver exagéré que deux situations aussi extrêmes se produisent dans la même classe, j’y ai plutôt vu un tour de force incroyable. Alors que Thomas se bat pour survivre à son cancer, c’est la jeune Émeline qui décède tragiquement. D’avoir introduit au sein d’une fatalité sans nom l’espoir et la lutte pour la vie est remarquable.
Finalement, en prouvant l’importance de la communication par cette culpabilité qui ronge Ève, l’auteure encourage les enfants à toujours se libérer de secrets ou de pensées venimeuses. Elle ouvre la porte à la discussion plutôt qu’à l’enfermement sur soi et démontre hors de tout doute que les conséquences d’aveux que nous imaginons au préalable terribles sont beaucoup moindre que celles du silence.
Il est intéressant de noter que la maison d’édition Québec Amérique offre une fiche pédagogique pour exploiter avec sensibilité et ouverture toutes les facettes de ce roman bouleversant, mais débordant d’espoir.
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