La vie devant eux

Pecrot est une prof terrible. Du genre à déclamer les notes de ses élèves à voix haute en classe, assorties de commentaires au mieux neutres, au pire, humiliants. Ce jour-là, la classe de Seconde 3 fait les frais de sa mauvaise humeur. Et l’un de ses élèves décide que cette fois, c’en est assez.

Quand la voiture de l’enseignante de mathématiques percute un poids lourd à la sortie du parking de l’école, ses freins sectionnés l’ayant projetée sur la route malgré le danger, tous deviennent des suspects potentiels. Qui a voulu se venger de Pecrot au point de la voir mourir ?

Entre enquête et psychologie, ce court roman de Blandine Gérard est ancré dans la réalité scolaire européenne et parle de pratiques douteuses de classe, oui, mais aussi d’égalité des chances, de détermination, d’amitié et d’amour. Complexifié par le nombre des personnages présentés, La vie devant eux vise un lectorat intermédiaire.

L’avis de Sophie

La prémisse du livre me parlait beaucoup avec cette prof détestable et les multiples suspects, mais j’ai été surprise par le déroulé de l’histoire parce que si l’enquête est quand même importante (et tient en haleine presque jusqu’à la fin), le cœur du récit, ce n’est pas tant ce qui arrive à l’enseignante et la recherche du coupable que le petit noyau formé de quatre élèves qui se retrouve au centre de la tempête, réunis par hasard le temps d’un travail de français : Adélaïde, Élise, Mounir et Gaëtan, la première et le dernier se situant à deux pôles complètement opposés du spectre de la chance sociale. En effet, la description de leur vie nous permet de découvrir qu’Adélaïde, seule chouchou de Pécrot (et donc mise à mal par rapport aux autres), vit dans un cocon, un milieu plutôt bien nanti, et est (sur)protégée par des parents très impliqués, alors que Gaëtan, lui, se bat pour tenter de récupérer la garde de son petit frère et sa petite sœur, envoyés en foyer puisque leur mère est incapable de s’en occuper, et qu’il doit lutter à la fois contre sa génitrice à la maison et contre un système entier qui refuse de lui faire confiance.

Alors qu’Élise et Mounir vivront une histoire d’amour un peu compliquée qui allège l’ensemble, Adélaïde et Gaëtan se rapprochent aussi, mais cette proximité met seulement en exergue leurs différences. Et l’impact des commentaires de Pécrot sur l’un… et sur l’autre. Parce qu’il ne faut pas croire que les chouchous s’en sortent toujours mieux…

Si le roman souffre de quelques longueurs et que j’étais parfois perdue dans les personnages (tout en souhaitant que plus d’indices nous mènent vers la piste de potentiel.les coupables en cours de route), j’ai trouvé cette expérience de lecture intéressante pour son côté social, justement, et la réflexion qu’elle amorce. Surprenant et réussi !

Le petit plus ? Oui, oui, le titre fait bien référence au célèbre roman de Romain Gary et c’est très bien intégré, vous verrez…

Bon à savoir ? Le livre a été réédité dans la collection Alice Poche et accompagné d’une fiche pédagogique pour faciliter l’utilisation en classe. Et regardez bien les lettres blanches des couvertures de la collection… chacune cache un petit quelque chose.  

Merci à Alice éditions pour le service de presse !