La mère de Manon est déjà partie, oui, mais cette fois, le départ a un gout de deuil. Comment a-t-elle pu partir si loin sans elle, sans l’aviser ? C’est dans le journal de l’adolescence de sa mère qu’elle cherche des réponses, sur la tombe d’une inconnue qu’elle vit son deuil.
Mélanie, elle, n’a jamais osé lui dire qu’elle lui a volé sa mère. Que c’est la sienne, à elle, enterrée sous cette stèle. Et quand le délire de Manon part en vrille, l’empêche de croire que celle qu’elle décrit est la sienne, elle se met en colère. Et tente de lui faire mal à son tour.
Faire mal, Léon n’a jamais voulu. S’il vole, compulsivement, c’est surtout parce que c’est l’unique interdit de ses parents qui ne lui parlent pas, qui le laissent trop souvent seul. Qui sait, peut-être qu’il vole jusqu’à ce qu’ils le voient. Ou jusqu’à ce journal, cette fille.
Dans ce récit tout en psychologie qui se déroule dans une ambiance feutrée malgré la colère qui effleure, c’est comme si Nadine Brun-Cosme abordait le deuil sans mort. Comment vivre quand les parents ne sont pas là pour offrir le soutien, les barrières ? Pour un public intermédiaire.
Alors d’abord je dois dire que je suis fâchée contre le marketing du livre. Cette couverture, ce résumé derrière, surtout, laisse plus croire à un thriller, un suspens, un choc entre trois ados.
« Manon. Léon, Mélanie. 3 personnages et 130 jours de mensonge. Ils se mentent, ils se trahissent, ils apprennent à s’aimer. »
Et pourtant ce n’est rien de tout ça. Oui, c’est « un chant à trois voix », mais plus de ceux qui se dévoilent lentement, dans la douleur. Ce sont trois ados qui se mentent et se trahissent surtout eux-mêmes, cherchant dans le noir des réponses à des questions qui ne sont pas encore formulées, se heurtant à des adultes qui ne les aident pas. Ce sont trois ados qui se font un peu mal, peut-être, oui, mais maladroitement, chacun pris dans sa propre torpeur.
Bref, il me semble qu’on est un peu floué.es sur le produit. Et après ? Après c’est un roman qui patauge parfois un peu, englué comme le sont les personnages, tout en étant fascinant. Les voir chacun tenter de trouver de l’air, de dénicher quelque chose qui leur fera du bien, de comprendre aussi que les besoins devront être exprimés clairement, c’est beau. C’est un récit lent, hypnotisant. J’ai râlé contre la fin, un peu trop facile, mais les personnages m’habitent encore, ce qui est bon signe.
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