Pour Enzo, plutôt timide et discret, ça se passe devant un tableau de Corbet, La vague. C’est comme s’il était emporté par l’eau, comme s’il se noyait.
Manon, elle, adolescente révoltée, réagit devant un tableau de Daumier, Les passants. Une émotion forte qui fait surgir des souvenirs enfouis.
Comprenant qu’ils sont victimes du syndrome de Stendhal, un trouble psychique, les deux adolescents cherchent à déterminer la cause de ces réactions primaires, violentes. Pour cela, ils devront plonger dans leurs souvenirs. Au risque de faire resurgir des secrets familiaux que certains préfèreraient garder secrets. Qu’on soit dans la haute société ou dans la mafia, les trahisons, mensonges et assassinats sont souvent nécessaires. Et gare à ceux qui veulent les mettre en lumière…
Avec ce récit qui parle d’art et d’amitié, mais aussi de manipulation, de mensonges, d’écologie et de trafic, Guillaume le Cornec s’adresse à un lectorat avancé.
Guillaume le Cornec ne prend pas son public à la légère, c’est le moins qu’on puisse dire. Il lui fait confiance et le défie dans des intrigues complexes qui s’appuient sur une culture générale parfois pointue. Ça fait de Les passants noirs une œuvre fascinante… mais aussi nichée, il faut le savoir.
Ma curiosité a tout de suite été titillée par les réactions fortes devant les toiles, ces personnages torturés dont les souvenirs enfouis modulent malgré eux leurs comportements. Leur rencontre est enthousiasmante et j’ai aimé toute la structure narrative, qui dévoile peu à peu les couches du passé et les relie entre elles à la façon d’une toile d’araignée, avec des ramifications notamment vers la mafia sicilienne (et on ne rigole pas dans ces milieux, soyons clairs). Néanmoins, je me suis parfois un peu perdue à la fois dans la langue et dans l’exposition de connaissance, comme si la forme prenait parfois le pas sur le contenu.
C’est donc un roman dense et tragique (la figure de la mère est particulièrement intéressante) qui offre une matière riche et surprenante, mais à conseiller seulement à des lecteur.rices chevronné.es et avides de culture !
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