Olive a toujours été difficile à saisir. Passant son temps dans un univers imaginaire qu’elle s’est créé et qui lui donne l’impression d’être plus vrai que nature, elle ne voit pas la vie qui défile devant elle et préfère s’isoler. Du moins jusqu’à ce que deux évènements surviennent simultanément : l’arrivée d’une nouvelle coloc décidée à percer son armure et… l’apparition d’un astronaute dans son univers intérieur.
Premier tome d’une série de quatre bandes dessinées (toutes parues), Une lune bleue dans la tête nous entraine à la rencontre d’une héroïne neuroatypique au destin surprenant. Entre roman initiatique et récit d’aventure, cette histoire rejoindra un lectorat intermédiaire et avancé puisque la construction du scénario demande parfois de se laisser guider… sans savoir où on met les pieds.
Oh quelle fabuleuse série que celle-ci ! Parce que je dois être honnête, je chronique ici le premier tome, mais j’ai dévoré les quatre presque d’un seul souffle, prise dans cette énigme qui se révèle plus profonde, plus riche et plus surprenante que prévu.
Déjà, l’atypisme de l’héroïne a éveillé ma curiosité, sans compter cet univers intérieur dans lequel elle disparait trop souvent pour ses proches et qui dévoile toute sa sensibilité… et son histoire. Ainsi, si dans la première bande dessinée certains éléments paraissent étranges (des statues en pain, un canard géant, un lac rose ?!), au fil des tomes, on se rend compte que tout ce qui fait partie de ce monde inventé possède une signification dans le réel et est lié à une partie de la vie méconnue de l’héroïne, notamment à des secrets familiaux qui pourraient bouleverser des choses. Ce mystère qui est cultivé tout au long du récit s’ajoute ainsi à celui de l’astronaute débarqué dans le monde imaginaire… mais perdu dans la réalité. En effet, suite à un problème au retour d’une navette, trois astronautes manquent à l’appel et Olive pourrait bien être la seule à pouvoir découvrir où il se trouve. Mais encore faut-il qu’elle accepte l’aide d’autrui, ce qui n’est pas aisé.
Vous l’aurez compris, j’ai été conquise par le scénario… mais pas que, puisque les illustrations sont aussi magnifiques. Certaines cases offrent de véritables tableaux, alors que Lucie Mazel joue de contrastes entre les couleurs vives et pétillantes pour représenter le monde imaginaire et celles, plus ternes, du réel, rendant à la fois la fracture des deux mondes et l’attrait du premier pour Olive. On n’est pas ici dans la « mode » des personnages qui se rapprochent des animés, et le réalisme de cette série fait du bien, notamment dans la représentation de la diversité corporelle. On y croit, à ces personnages. Et on les aime d’emblée.
Le petit plus ? Le personnage de la coloc d’Olive est particulièrement chouette. Dans son dynamisme, dans sa façon d’être libre, de défoncer les barrières, dans ce qu’elle change chez l’héroïne aussi. La compréhension que les autres sont importants, qu’ils peuvent nous apporter beaucoup. Beau.
Nouveau commentaire