Jade et Ambre réalisent enfin leur rêve : intégrer le programme de droit de l’université de Lille et vivre en colocation, entre maitresses de leur destin. Mais là où elles espéraient marcher main dans la main, leur amitié s’effrite. À la fois parce qu’Ambre fuit les soirées où Jade brille (mais parfois qu’en surface), à la fois parce que Jade cherche désespérément quelque chose qu’Ambre attire sans le vouloir. Alors quand le drame se produit, elles ne se comprennent plus. Et ne peuvent plus s’aider. À moins que l’une ose prendre la parole. Et dire vraiment ce qui s’est passé.
Alternant entre les voix d’Ambre et Jade, Clara Héraut raconte la première année d’université de deux points de vue différents. Parlant aussi de viol et d’asexualité, le roman vise un public avisé, intermédiaire ou avancé.
Ce roman a eu un grand succès à sa parution en France et je peux tout à fait comprendre pourquoi. Clara Héraut a su créer deux héroïnes fragiles et fortes à la fois, chacune à leur façon, et elle met magistralement en scène le passage à l’âge adulte, l’arrivée à l’université avec tout ce que cette soudaine autonomie a de grisant, de vertigineux, notamment dans des milieux qui se disent « protégés ». Néanmoins, les dérapages sont encore nombreux… et ne viennent pas toujours de là où on les attend. Voir les deux héroïnes se débattre avec ce qui leur arrive et leurs démons intérieurs, oui, mais aussi découvrir l’incompréhension mutuelle, est fascinant. Il n’y a pas vraiment de suspens, c’est un récit centré sur la psychologie, et pourtant on en tourne les pages comme dans un thriller. Et on se rappelle que si la prise de parole est parfois difficile, elle est tout aussi essentielle.
À noter : j’ai lu la version québécoise du récit, adaptée et publiée chez Andara afin notamment d’en modifier, entre autres, le vocabulaire lié au cursus scolaire. Le travail réalisé est toutefois incomplet, ce qui crée une impression d’incohérence. Parfois les expressions utilisées par les personnages sont plus québécoises (on comprend que les « putain » et « merde » ont été remplacés par des sacres) alors qu’autrement la langue reste très « français international », même dans les dialogues. De même, si on parle de cégep au début, le terme disparait à un moment et il n’est plus que mentionné « collège », qui réfère pourtant à des années du secondaire. Bref, autant j’étais heureuse de voir l’adaptation (parfois les lecteur·rices québécois·es reprochent aux récits d’être « trop franchouillards »), mais j’ai l’impression que ça a été fait trop vite ici et cette ambivalence ressentie n’améliore pas la lecture, au contraire.
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