« Sois forte. » La narratrice se le répète sans cesse. À l’école, au ballet ou avec ses amies, la peur de l’échec est omniprésente. Peu avant les vacances d’hiver, en plein examen de math, l’araignée intérieure de l’adolescente l’emmaillote. « Sois forte!» Mais cette fois, c’en est trop! Cette crise l’emmènera aux Îles-de-la-Madeleine, où elle tentera de dompter son anxiété.
Le piège de soie parait dans la collection Unik, qui propose de courts récits poétiques en vers libres et au graphique éclaté. Celui-ci s’intéresse principalement aux problèmes d’anxiété que peuvent vivre les ados. Pour tous.tes!
« Petite, on m’a appris à dessiner sans dépasser. Aujourd’hui, j’essaie de vivre sans déborder. »
Ces vers qui ouvrent le livre donnent le ton! Pour la narratrice, la ligne est mince entre l’appel de l’excellence et la peur d’échouer. L’un ne serait-il, en fait, que l’envers de la médaille de l’autre? Le texte nous amène à le penser. Cette pression anxiogène donne envie de fuite et de légèreté. L’adolescente n’a toutefois pas cette chance : elle s’écrase royalement.
La chute désempare. L’autrice, Marie-Andrée Arsenault, explique en fin d’ouvrage qu’elle a dû apprendre depuis l’enfance à se libérer des oppressantes toiles nouées par son anxiété, alias son araignée. Je n’en ai pas été surpris. En effet, l’intime dialogue intérieur entre la narratrice et son araignée est crédible. C’est beau, c’est triste, c’est révoltant! La bestiole tisse le fil conducteur poétique pour imager les troubles vécus. Et ce n’est pas la seule image qui marque. Dans un monde où le surpassement est constamment mis de l’avant, cette figure des montagnes m’a profondément interpelé :
« [Les Glaciers dérivant] me rappellent que ce qui paraît plus grand que moi ne dure pas toujours. / Des montagnes peuvent s’élever pour ne plus revenir. / Il faut peut-être les regarder passer. Tout n’a pas à être escaladé. »
À l’instar des autres ouvrages de la collection que j’ai lus, la finale est porteuse d’espoir. La pause forcée de l’adolescente aux Îles nous fait d’ailleurs convoiter la quiétude des grands espaces naturels. La poésie qui en émane fait un bel écho à la nécessité de transformer les nœuds intérieurs en douce toile protectrice. C’est d’ailleurs ce qu’on peut souhaiter aux jeunes et moins jeunes qui se poseront un instant avec ce joli texte!
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