Tout s’est passé très vite. Trop vite. Quand son père lui a annoncé la mort de sa mère, quatre ans plus tôt, il a fermé à clé la porte de la chambre du piano où cette dernière était toujours, a creusé des trous autour du cerisier pour y jeter partitions et CD, puis a mis en place des règles : interdit de parler japonais, de lire des mangas ou d’écouter des animés. Surtout, interdit de la mentionner, elle. De poser LA question qui pourtant est la plus importante pour sa fille.
Mais l’année des 12 ans d’Élise, des choses bougent. D’abord il y a cette nouvelle amie de l’école, si expressive, qui fait lui découvrir Naruto et la ramène dans le monde des animés. Puis il y a la grand-mère d’Élise qui débarque du Japon avec toute sa colère, mais aussi sa douceur. Qui sait, peut-être que ça fera enfin craquer Orochimaru, le monstre qui s’est caché derrière les yeux de son père et l’empêche de ressentir les choses…
Gagnant du Concours du premier roman RTL-Gallimard, On ne dit pas Sayonara est un récit psychologique qui aborde les thèmes du deuil et de l’identité avec finesse. Une lecture touchante qui peut rejoindre tous et toutes.
Oh que j’ai aimé cette lecture ! Je n’étais pas gagnée d’avance, il faut dire que la couverture ne m’emballait pas et que je n’avais eu aucun autre écho du récit. Pourtant, j’ai lu ce roman en une seule journée, incapable de le poser tellement j’ai été prise, dès le début, dans la toile émotionnelle que tisse finement l’auteur. Il faut dire qu’Antonio Carmona vient de l’univers du théâtre (et jeunesse !) et que cela transparait dans la vie qui nait entre les lignes de son roman.
J’ai tout de suite aimé Élise, mais j’ai surtout été happée par la force de cette histoire, qui est à la fois dure et douce, personnelle et universelle, juste et intelligente. C’est d’abord plus sombre, alors qu’on est plongé.es dans le désarroi d’Élise et son incompréhension, surtout, sans savoir exactement ce qui manque nous-mêmes (parce qu’on ne comprend pas trop qu’elle est « la » question). Puis l’arrivée de Stella apporte un peu de légèreté (j’adore comment Antonio Carmona joue avec les lettres de l’alphabet quand il la décrit) et celle de mamie Sonoka vient créer une vraie faille dans l’ombre qui recouvre la vie familiale et y apporte enfin de la lumière. Elle offre à Élise le droit d’être elle-même, de ressentir les émotions autrement que devant une tarte aux oignons et d’être encore liée à sa mère partie trop vite. Au fil des pages, on découvre toute la complexité des relations familiales et de la douleur du deuil, mais aussi ces petites choses qui permettent de surmonter une difficulté. Ensemble.
La passion d’Elise pour les puzzles qui est d’abord en filigrane puis prend de plus en plus d’importance permet aussi au récit de respirer et offre une finale qui sort du cadre strict du deuil et de la relation à la mère (je voudrais un spin-off sur les personnages secondaires, s'il vous plait !). Ça équilibre le tout et, je dois le dire, ça m’a aussi beaucoup parlé ! Allez, je retourne à mon 1000 pièces en cours…
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Moi aussi j'ai recommencé à faire des casse-têtes après la lecture de ce roman, hihi! J'étais en grosse panne de lecture, et ce roman m'a tellement fait du bien!