Black Cloud tome 1 – Le Royaume

Un matin, le soleil ne se lève pas. Et quand la radio commence à parler d’un possible rationnement, de stratégie de survie devant ce printemps qui sera peut-être sans récolte, le père de Djack, ‘Chu et Zecrow les entraine dans une expédition au supermarché afin de récupérer de quoi survivre un bon moment dans leur maison au fond des bois. Mais voilà, parti reconduire le camion qui leur a servi à transporter les vivres, le père ne revient pas. Et la vie doit s’organiser au Royaume. Dans le noir et l’incertitude.

Agrémenté de quelques planches de bandes dessinées signées Julien Martinière, ce roman de Vincent Villeminot ne perd pas de temps pour plonger son lectorat dans un récit aux allures postapocalyptiques. Parlant de fin du monde (du moins, c’est l’impression qu’on en en a), mais surtout de famille, d’entraide, de survie et de ce qu’on est parfois poussés à faire en situations extrêmes, l’auteur français vise un public intermédiaire.

L’avis de Sophie

J’ai une relation particulière à l’écriture de Vincent Villeminot. Tant j’apprécie son imaginaire, ses personnages si ancrés dans le réel, si vivants à travers les pages, tant j’ai parfois l’impression d’être perdue dans les recoins labyrinthiques de certaines œuvres qui ratissent si large que je m’y perds. J’avais donc très envie de découvrir Black cloud… tout en étant un peu effrayée.

Mais je n’aurais pas dû.

Black Cloud, c’est bref, ciselé, centré sur le ressenti de cette fratrie qui apprend du jour au lendemain à vivre dans une réalité difficile à imaginer. Le noir vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sans référence parentale. Une fratrie qui a ses qualités et ses défauts et qui est surtout unie par un amour indéfectible tout en connaissant les forces et les faiblesses des chacun (le besoin de gérer et l’inventivité de Djack, l’impulsivité et l’empathie de ‘Chu, la bougeotte de Zecrow et sa façon bien à lui de s’exprimer).

À travers leurs aventures, Vincent Villeminot parle encore ici de tissu social, d’entraide (et de trahison), d’humanité, de collapsologie, mais il le fait ici via l’action. Tout coule, tout est fluide, tout déboule à toute vitesse, laissant au fil des pages des petits morceaux utiles pour la suite : tantôt la mère qui apparait dans une statue (personnage fabuleux qui ajoute une touche fantastique à l’ensemble et donne du relief à Mytho-Man sans détonner), tantôt ce fusil récupéré chez le voisin et qui a été dissimulé. L’arrivée de nouveaux personnages dans le dernier quart donne aussi un coup de boost à l’ensemble et la finale, ouverte sur la suite, nous laisse sur le bout de notre chaise. Vraiment, ce format court, efficace, axé sur l’action est une réussite !

À noter : attention, les quelques références aux autochtones américains (ici, c’est une référence commune entre les frères) qui ponctuent le récit sont faites via un terme qui est considéré comme inapproprié et offensant. Ce n’est certainement pas fait de mauvaise foi, mais ça fait en sorte que ce roman est plus difficile à présenter en Amérique, justement.  

Livre emprunté à la bibliothèque !