Il y a des années que Lori tente de se faire invisible avec des jeans et de larges pulls qui cachent ce corps de femme dans lequel elle ne se reconnait pas. Mais elle ne sera jamais invisible aux yeux de ses parents, qui la voudraient comme sa sœur. Féminine, talentueuse, parfaite. Alors cet été, ils l’ont inscrite à un camp différent. Un endroit reculé, dans les bois, où chacun est amené, grâce à la foi, à exprimer ses démons pour s’en défaire. Pour retrouver le bonheur apporté par la normalité.
Mais qui sait ce qui s’y passe vraiment ?
Abordant le thème des thérapies de conversion, officiellement interdites depuis janvier 2022 en France, Christine Férêt-Fleury parle d’acceptation de soi, de famille choisie et de résistance avec ce roman qui vise un lectorat intermédiaire.
Je suis toujours choquée quand je lis ce genre de roman, de voir comment certaines personnes pensent posséder « la » vérité et se croient le droit de faire souffrir celles et ceux qui sont différents. De me dire que, même si ces thérapies sont officiellement interdites maintenant en France, elles existent encore, ici et ailleurs. Que des enfants vivent sous le regard et le joug de parents qui les enferment dans une vision du monde étriquée qui les blesse. Bref, difficile de lire ce type de récit sans être révolté.e !
Après, j’ai bien aimé la première partie, dans laquelle on rencontre Lori, Laureline selon ses parents, et qu’on comprend le piège dans lequel elle tombe avec ce « stage d’été » qui se révèle être une thérapie de conversion dans laquelle seule la « mort » de ce qu’on croit être peut nous permettre de renaitre (et c’est assez creepy merci). Il est intéressant de découvrir les différentes réactions de chacun.e des participant.es : celles et ceux qui résistent, oui, mais aussi celles et ceux qui sont intimement persuadé.es d’être « mauvais.es » (ce qui est le plus triste). Des clans se créent, la tension monte et Lori se rend compte qu’elle est vraiment en danger. Toutefois, la deuxième partie m’a laissée sur ma faim. Je ne veux pas trop en révéler ici, mais si l’idée est originale, c’est plus lent, beaucoup plus introspectif et ça s’étire un peu jusqu’à une finale, huit ans plus tard, où de nombreux personnages secondaires réapparaissent alors qu’ils ont été oubliés pendant longtemps. Bref, je ne suis pas certaine de la fin, mais ça reste une lecture percutante.
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