Benjamin arrive au pensionnat du Collège St Joseph blasé. Renvoyé de son ancienne école à cause de ses piètres résultats scolaires, il n’entretient pas trop d’espoir sur son nouveau lieu de résidence. En effet, Ben y découvre une équipe d’enseignants oppresseurs qui vont jusqu’à lui confisquer ces précieux crayons à dessin dès sa première semaine. Ordre et discipline est après tout le slogan de St Joseph!
Heureusement pour son moral, l’adolescent se lie rapidement d’amitié avec Aria, une rebelle au grand cœur. Aria est vraiment cool! Cela fait changement de tous ces élèves « reformatés » de l’établissement, qui ont plus l’air de zombies que d’enfants.
Quand les deux amis se retrouvent injustement en punition, Benjamin découvre un immense monde sous-terrain glauque et robotisé destiné à rééduquer puissamment les cancres du collège – voire tous les élèves! Évitant de peu de tomber sous l’emprise d’un lavage de cerveau, Ben et deux autres élèves tentent de libérer Aria et de s’enfuir des sous-sols. Ils devront faire preuve d’ingéniosité et de beaucoup de courage!
Le monde des cancres est le premier tome d’une nouvelle série de bandes dessinées chez Dupuis. Il met en scène des jeunes de 11 à 13 ans qui luttent contre les adultes d’une école tyrannique qui priorise l’ordre au bien-être. Pour tous.
L’idée du collège redoutable est charmante, même si elle n’a rien d’original et attriste mon cœur d’enseignant. Je me rappelle entre autres de la série de romans Méto (adaptée en BD), qui était superbement réussie! L’ambiance ici peut y ressembler, avec tous ces adultes qui veulent casser les enfants. J’ai toutefois désenchanté avec Le monde des cancres, qui, du moins avec ce premiertome, offre moins de profondeur.
Après un prologue riche en action, mais qui nous laisse dans l’incompréhension, on découvre Ben, un garçon plutôt terne au passé nébuleux. Malheur enchainant malheur, il finit en punition, où, chouette idée, on l’envoie en rééducation d’abord avec une montagne russe qui descend dans les entrailles du collège. Ensuite toutefois, l’histoire s’égare en extravagance. Ben et les deux compagnons avec qui il s’allie doivent affronter des défis et des pièges grotesques et absurdes – desquels ils se sortent souvent trop facilement. Le scénario se concentre sur ces épreuves : méchants robots aux motivations énigmatiques, portes à déverrouiller de façon mystique, enfants zombies… on se croirait dans un mauvais rêve qui amalgame plusieurs concepts mystérieux. On ne sait pas trop ce qui se passe, mais il y a de l’action! La création d’un monde cauchemardesque et illogique est peut-être l’intention, mais le manque de cohérence dans la progression des obstacles m’a trop embêté pour que j’apprécie l’univers créé. Il y a entre autres une énigme, qui prend 6 pages, où le choix de police rend les chiffres quasiment indéchiffrables (j’ai dû m’y reprendre à plusieurs reprises avant de démêler les 3 des 9, les 0 des 6, et d’avoir les bons chiffres de départ). Une fois qu’on décrypte le tout et qu’on saisit la nature du problème, on se rend compte que le calcul mental nécessaire à sa résolution est trop complexe pour qu’on s’y lance. C’est une occasion manquée! D’ailleurs, à part cette énigme, tout va trop vite : la mise en place de l’intrigue, les moments de tension, le passé du héros et notre rencontre avec les personnages secondaires (à l’exception d’Aria, qui est à mon avis le personnage le plus attachant et le mieux construit).
Un point positif en terminant : les dessins rappellent les films d’animation modernes. Les personnages sont expressifs et les couleurs vives côtoient les ombres inquiétantes du sous-sol du collège. Ils m’ont bien plu et leur aspect mystérieux et sombre est assurément un atout pour la BD.
En bref, Le monde des cancres offre un premier tome plutôt décevant, qui manque de profondeur et qui m’a exaspéré par l’absurdité des pièges du collège. J’espère que la suite pourra nous attacher aux personnages et nous faire comprendre davantage les rouages de ce collège cauchemardesque.
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