« La première chose que j’ai apprise sur la peine d’amour, c’est que le cœur craque et que ça surprend parce que c’est un organe mou : on ne s’attend pas à ce qu’il puisse s’émietter littéralement. »
Des sentiments à peine dévoilés et mis sous clé dans une armure. Une histoire qui s’étire dans les peut-être. Un amour feu d’artifice qui commence avec (malgré) du vomi et se termine en déception. L’amour mitigé auquel on veut parfois trop croire. Un comingout qui ouvre la porte à la magie (ou peut-être pas). Un triangle qui se transforme en passion impossible. Et les apprentissages, nombreux, dans la douleur.
Collectif proposant de brèves histoires inclusives (mais pas si courtes) entrecoupées de discussions autour de différentes questions liées aux peines d’amour, ce nouveau recueil « Ma première fois » vise un public intermédiaire et averti!
Le concept de peine d’amour est à la fois connu et méconnu : il en existe tellement de types, tellement de réactions possibles qu’il est parfois difficile de se reconnaitre dans ce qu’on lit (surtout si ce sont des comédies romantiques). Mais en voilà huit, portées par des plumes diversifiées, éclectiques, tantôt électrisantes, tantôt plus douces, pour faire du bien à notre cœur. Mon conseil ? Ne les lisez peut-être pas toutes les unes à la suite des autres, ça fait beaucoup ! Mais chacune d’elle est intéressante dans sa singularité et dans les émotions vives transmises, dans l’authenticité, les malaises, les fous rires… bref, on est dans le type « livre réconfort », même si, ne le cachons pas, on est un peu secoué·es en cours de route !
En effet, c’est étrange de voir les prémisses des amours et des amitiés si vite expliquées parce que l’important est ailleurs, dans la fin, l’après. Ça surprend ! Ça surprend aussi quand Nicolas Michon fait comme dans Ma première fois – Sexu et qu’il raconte avec son, images, odeur une histoire d’amour et de séparation entièrement en textos, ce qui amplifie l’impression qu’on est un peu « voyeur·ses » !
Comme toujours, la force du recueil, c’est la découverte des plumes. Pour ma part, j’ai reconnu l’écriture frontale, hyper ancrée dans la réalité de Marie-Christine Chartier, qui donne cette impression d’être ton amie qui te raconte sa vie (délirante) sur ton canapé, l’absence de pudeur de Nicolas Michon, la poésie folle de Véronique Grenier, même quand elle écrit en prose, mais j’ai aussi découvert la douce intériorité de Fabiola Nyrva Aladin, l’acuité de Sophie Laurin, la capacité de rendre le déchirement, l’incompréhension de Félix Turcotte, la sensualité dans les phrases de Michelle Lapierre-Dallaire, sans parler de la posture très « grande sœur » de Geneviève Morin dans l’accompagnement du recueil. Les discussions entre les récits, avec des réponses anonymes, apportent par ailleurs un vent de fraicheur, offrent une pause bienvenue tout en faisant réfléchir. C’est bien vu !
Le petit plus ? Chaque histoire est plus longue que dans les précédents recueils « Ma première fois », si bien qu’on a vraiment le temps d’entrer dans la tête des protagonistes, de comprendre la relation et son importance, de s’immerger dans les émotions. Excellent choix pour cette thématique !
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