Normandie. 9e siècle. Lorsque Aldarik est assassiné comme signe de vengeance aux comportements de sa mère, la relation entre celle-ci et Tarik, le frère d’Aldarik, se dégrade rapidement. Alors que Galwinthe multiplie les recherches pour trouver une façon de ramener son fils du royaume des morts, Tarik, lui, s’enfonce dans l’alcool… et le désir de vengeance à son tour.
Bande dessinée « one shot » présentant une histoire qui entremêle les thématiques du deuil, de la vengeance et de la famille, Ce que les corbeaux nous laissent vise un public intermédiaire et avancé vu la complexité de la temporalité.
Si on distingue souvent la BD du roman graphique par la complexité de l’histoire, je dirais que celle-ci tombe complètement dans la deuxième catégorie vue la force du scénario de Sophie Leullier, qui signe aussi les ensorcelantes illustrations. Dès le départ, on comprend la puissance de l’intrigue avec une mort tragique qui laissera des traces fort différentes chez les deux protagonistes principaux et qui marque la suite de leur destin. Puis, on découvre les quêtes parallèles de la mère et du fils, quêtes qui se fracasseront l’une sur l’autre à l’arrivée de nouveaux personnages, eux-mêmes assoiffés de terminer ce qu’ils ont commencé des années auparavant. C’est subtil, bien amené, émouvant, et l’histoire est soutenue par superbe utilisation des couleurs dans les diverses planches. C’est le genre de récit qu’on a envie de relire à quelques reprises, ne serait-ce que pour observer sous un autre angle certains détails.
Attention toutefois, on peut parfois penser que le format de la bande dessinée facilite la lecture, mais ici il y a une solide difficulté créée par le choix de la temporalité : ainsi, l’autrice raconte l’histoire en entremêlant différentes époques du passé et le présent sans annoncer les coupures. D’une planche à l’autre, on voyage donc à travers les années, les seuls indices visuels pour se situer étant la grandeur du personnage principal et les habits de chacun. Ça peut être complexe par moment, mais c’est aussi ce qui fait sa force.
Le petit plus ? J’ai aimé que l’homosexualité de la mère ne soit pas « un thème » de l’histoire et que ça en fasse juste partie intégrante. Bien joué !
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