Walking in the dark

Tout le monde a vu Chloé allumer Amir et partir avec lui. La caméra de surveillance prouve aussi qu’Amir est sorti de chez l’adolescente en courant à deux heures du matin. Alors quand Chloé est retrouvée morte, poignardée à de multiples reprises, c’est Amir qui est arrêté.

En plus, Amir est le coupable parfait. Son père a beau être riche, il l’a mis de côté pour se concentrer sur son autre fils, Marcel, né d’une deuxième union. Amir vient d’un quartier plus pauvre, il n’a jamais su s’intégrer dans son nouveau collège et, surtout, Amir est noir et Chloé est (était) blanche. Pour le procureur, c’est vite vu.

Mais ça, c’est sans compter sur la pugnacité de Marcel, persuadé que son frère est innocent. Et bien déterminé à le prouver.

À la fois thriller et critique sociale qui parle de préjugés, de tensions raciales et des difficultés supplémentaires à vivre dans le système en tant qu’adolescent noir, Walking in the dark vise un public avancé et avisé. Attention, certaines scènes très racistes pourraient choquer.

L’avis de Sophie

Oh que mon esprit ressemble un peu à un fouillis à la suite de cette lecture à laquelle j’accorde un 3,5. Pas un quatre, mais non plus pas à un trois étant donné la force du récit. Je vais essayer de m’expliquer clairement, mais soyez indulgent·es !

En fait, j’ai beaucoup aimé l’intrigue principale : le meurtre arrive vite, on comprend la panique d’Amir, il y a plusieurs suspects potentiels, de nombreuses pistes à explorer, bref de quoi nous tenir en haleine. Au fil du texte, on se rend aussi compte de l’aspect « racial » du sujet. Oui, à cause de la différence de couleur entre Chloé et Amir, mais ce qui ressort des découvertes des deux frères, c’est surtout un racisme généralisé dans le riche collège qu’ils fréquentent et des « blagues » terribles font tranquillement surface, dont un Jeu qui utilise les codes de l’esclavage (et est à vomir, rien de moins). L’apport de Marcel comme deuxième voix narrative permet au lectorat de prendre du recul sur la situation et de donner plus de liberté aux personnages (étant donné qu’Amir se retrouve rapidement avec un bracelet électronique et des conditions de surveillance sérieuses). Cette double narration permet aussi à Jumata Emill de creuser la dynamique familiale malsaine. Et plus on avance, plus on se rend compte que la couleur de la peau complexifie leur vie. Ce n’est pas juste « noirs » contre « blancs », c’est la difficulté entre les membres d’une même communauté de se soutenir, c’est l’importance de la perfection en toutes circonstances, c’est la complexité de faire face au quotidien à des préjugés. Et en soi, ça fait que ce suspens-thriller-roman policier est un roman social (et encore, on voit clairement qu’il a été écrit avant l’arrivée de l’actuel Président parce que je ne pense pas du tout que ça s’améliore en ce moment) et c’est un plus. Seulement, voilà, on dirait que l’auteur a besoin de dire et redire, de souligner et de surligner certaines thématiques. C’est présent pour le racisme, mais aussi pour la relation brisée entre Amir et sa belle-mère et, par moment, ça alourdit vraiment ce récit. Ce dernier est déjà fort et on dirait que vouloir trop attirer l’attention sur certains éléments ou encore trop en mettre en termes de diversité (une révélation finale à propos d’un personnage m’a fait rouler des yeux, oui, oui), nuit au propos principal.

Bref, est-ce que je le conseille ? Oui : ça captive, ça conscientise et ça frappe (mais pensez peut-être à sauter quelques passages un peu répétitifs) !  

Merci à Bayard pour le service de presse !