D’un anniversaire à l’autre, l’héroïne observe, se questionne, change. D’une année à l’autre, elle prend conscience du moule dans lequel les femmes qui l’ont précédé ont été coulées et trouve sa propre définition de la liberté.
Recueil de poésie écrit dans un français acadien coloré, Le frâse s’ul gâteau vise un public intermédiaire.
Oh que j’ai mis du temps à vous parler de ce petit livre que j’ai pourtant apprécié ! En fait, c’est que je ne savais (et je ne sais toujours pas) comment le prendre. D’abord pour la langue, surprenante. Le « frâse », c’est le glaçage du gâteau, le saviez-vous ? Ça change votre perspective du titre, non ? Écrit dans la langue parlée par Joanie Duguay, ce recueil peut donc paraitre plus complexe à celles et ceux qui ne sont pas habitué·es à ce vocabulaire même si les références culturelles parlent souvent.
« d’vant le mirouère
j’tresse mes cheveux comme Mercredi
me dire que demain
tout ira mieux. »
Ça peut en décourager certain·es (peut-être que ça aurait pu être mentionné sur la couverture), néanmoins il me semble que ça en fait toute sa couleur. Ça force le cerveau à travailler autrement et ça permet aussitôt de s’immerger dans ce quotidien, cette réalité qu’on aperçoit à travers les yeux de la narratrice, d’abord enfant, puis adolescente, puis femme.
Il faut toutefois savoir que c’est un recueil morcelé, deuxième complexité. Ainsi, si on suit l’héroïne au fil de ses anniversaires, découvrant ses gouts et aspirations, mais aussi son évolution dans son style, ses passions, sa façon d’être, rien n’est clairement défini : ni les âges ni le temps qui passe. Je l’ai d’abord lu d’un trait en essayant de « tout » comprendre, mais c’est ma deuxième lecture, plus relâchée, plus arrêtée sur les détails, les petits trésors de langue, les sonorités joueuses, que j’ai eu le plus de plaisir.
« au djâbe
j’ai jeté mon bonsaï
dins poubelle
anyways
j’ai pas le pouce vert
chus la fille à sa mère
j’casse les cafetières
pis j’tue les cactus »
Bref, premier livre d’une nouvelle collection de Soulières éditeur, Le frâse s’ul gâteau n’est pas un texte « facile » si votre français est plus « normatif », mais c’est une maudite belle invitation à rencontrer une culture, un univers, une plume riche. Osez !
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