Belle se l’est toujours fait dire : pour s’en sortir dans la vie, il faut suivre les préceptes de la Doctrine : tout faire pour correspondre aux désirs masculins tout en restant mystérieuse, en donnant l’impression que c’est sans effort. Le Masque, les talons, les habits. Rire quand il le faut, minauder, satisfaire. Bref, profiter des Années Optimales.
Joni, elle, a grandi avec une mère qui s’est libérée de la pression de la Doctrine au départ de son mari. Qualifiée de Gênante par les autres, Joni revendique son droit à ne pas chercher à plaire à ces garçons qui écoutent de la porno en classe et envoient des photos de leur pénis comme compliments. Et, surtout, elle veut Éveiller les autres.
Comme Belle.
Roman qui utilise les codes de la dystopie pour parler de la pression de plaire et du patriarcat, You could be so pretty vise un public avancé.
Grosse déception ici ! J’aurais vraiment voulu aimer cette histoire qu’on nous vend comme dans la lignée de La servante écarlate et L’année de grâce. J’étais d’ailleurs emballée par le concept, une dystopie sous l’angle de la beauté et de la dérive patriarcale se cachant sous des maximes comme « c’est mon choix ».
Seulement, le problème c’est que c’est trop gros et trop poussé, ce qui fait qu’on n’y croit pas du tout. (Attention, je divulgâche quelque chose ici, vous pouvez surligner le texte pour le lire : à la fin du roman, l’autrice explique qu’elle a voulu parler de la réalité en utilisant les codes de la dystopie. C’est un choc, j’avoue, et c’est une idée géniale par ailleurs, mais Holly Bourne a trop poussé les curseurs pour que ça fonctionne. Oui, on reconnait certaines problématiques et certains dysfonctionnements de notre société, mais ça ne se tient pas dans sa version caricaturale).
En fait, dès le départ, il y a des scènes surprenantes, dont une d’agression, qui font en sorte qu’on a de la difficulté à croire en ce monde tel qu’il est présenté. Et dans une dystopie, la crédibilité initiale, c’est hyper important. Alors oui, il y a des concepts vraiment très chouettes comme les noms donnés aux différents groupes (les Forceuses, les Gênantes, les Invisibles), il y a de bons moments au fil du texte et l’autrice maitrise l’art du suspens (je voulais connaitre la fin), mais pour ma part j’ai décroché et j’ai terminé ma lecture en diagonale, juste pour savoir ce qu’il allait advenir de Belle et Joni (et c’est assez cliché, vous êtes prévenu·es). Bref, je pense qu’il y a de quoi plaire et faire réfléchir ici, mais pour moi c’est une déception.
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