« - Lorsque l’homme cessa de nourrir les chiens et les chats, lorsqu’il commença lui-même à les manger, ce fut la preuve manifeste d’un certain… dysfonctionnement. Le système s’était faussé en cours de route. Ou plus vraisemblablement l’était-il dès le départ. Mais ils sont quand même allés jusqu’au bout, jusqu’au point de non-retour. »
Regency est une ville qui a été créée par les Dirigeants pour régler certains problèmes de l’humanité. Mais ça, ses habitants ne le savent pas. En fait, ils ne savent rien. Toutefois, le groupe constitué de Steve, Abel, Jona, Karen et Luc commence à se poser des questions lorsque des phrases étranges apparaissent sur les murs de la citée et que leur chef, Tommy, leur propose de rejoindre les Soldats de la Délivrance et d’ainsi regagner un peu d’humanité. Mais dans un univers où tout n’est que manipulation, il est difficile de savoir à qui se fier et même les révélations peuvent mener à de drôles de chemins…
Scarrels est un livre déstabilisant, tant par l’univers dystopique présenté que par sa forme qui alterne entre une narration simple et des passages à la limite de la poésie où Luc se perd dans les images et les souvenirs qui habitent ses pensées. Les thèmes de l’humanité, de la manipulation de masse et de l’attachement sont abordés dans un texte complexe et lent davantage adapté aux lecteurs avancés.
Mon avis
C’est un livre lourd, dense, qui ne se laisse pas lire facilement et qui m’a demandé de longues pauses. Surtout à la fin. Je discutais cet automne avec Sophie Morissette de
Lala-lit-lalère de la nécessité de l’équilibre entre espoir et désespoir dans la littérature jeunesse suite à la lecture du troisième tome de Hunger Games et je disais que, pour moi, ce n’était pas nécessaire. Que la littérature jeunesse peut aussi être un miroir et que notre monde n’est pas nécessairement équilibré. Eh bien, Scarrels, c’est la perte totale d’équilibre. Et c’est vraiment déstabilisant…
Sur le plan de l’écriture, j’ai été ravie. Si les phrases sont courtes, elles sont très visuelles, tant dans la description de cette mère qui ne ressent aucun sentiment que dans celle des scarrels, bêtes gluantes qui laissent derrière elles une bave bleue, ou encore dans celle de cette ville divisée en quartiers qui ne vit que de nuit, sous la pluie. En outre, quand Luc part dans ses délires, la mosaïque que les mots de Marcus Malte créent est d’une poésie inattendue. Mais ce plaisir littéraire n’a pas réussi à supplanter l’impression étrange que le récit m’a laissée avec sa fin surprenante… voir choquante.
En bref? C’est un roman d’anticipation qui demande une part active et qui représente un beau défi pour les lecteurs avancés,
Si vous avez aimé, vous pourriez être tenté par
Hunger Games et
Terrienne.
Ce bouquin m'a renversée tant par l'écriture que par l'histoire. Lorsque je l'ai refermé j'étais estomaquée.
Tout à fait d,accord lorsque tu dis: «pour moi, ce n’était pas nécessaire. Que la littérature jeunesse peut aussi être un miroir et que notre monde n’est pas nécessairement équilibré.»