À 13 ans, Estelle a tout pour elle. Une situation monétaire confortable, une mère qui lui sert son déjeuner au lit, un physique particulièrement joli... Pourtant, elle n'est pas si heureuse. Elle n'a pas d'amis, et elle est malheureuse depuis le divorce de ses parents. Mal dans sa peau, elle souhaiterait, tout au fond d'elle, être une autre. En se réveillant un beau matin, elle réalise que son souhait a été exaucé... et elle n'est pas du tout certaine d'aimer ça.
En effet, tout au long de sa mésaventure, Estelle est amenée à réfléchir sur les raisons qui l'ont poussée à vouloir troquer sa place pour celle d'une autre. Elle réalisera rapidement que sa situation n'était peut-être pas idéale, mais que plusieurs autres ont moins de chance qu'elle. Les deux filles comprendront également que la perfection n'est pas de ce monde. Elles ne pourront jamais vivre la vie dont elles rêvent, mais elles pourront par contre tenter d'obtenir un certain équilibre si elles s'entourent de gens qui les aiment. "Rien ne vaut son chez-soi!"
L’échange tourne autour des thèmes de l'acceptation, de l'estime de soi et du respect des autres. Édité en France, le roman a pour lieu Paris et il est agréable de déambuler dans les Tuileries et de passer du temps sur les Butes Chaumont avec les personnages. L'atmosphère des collèges français et des petits appartements sont bien rendus, mais le lecteur québécois ne se sentira pas dépaysé pour autant. D’une grande lisibilité, le roman est annoncé pour les 9-12 ans, mais pourraient s’adresser davantage aux 12-15 ans dans son propos.
Mon avis
La prémisse est très intéressante : une jeune fille enviée des autres mais qui est pourtant mal dans sa peau rêve de prendre la place d'une de ses camarades de classe, sans pourtant se douter que la vie de celle-ci n'est pas aussi rose qu'on pourrait le penser. Si on a l'habitude de voir des personnages plus ou moins choyés par la vie envier des filles dont la vie semble en apparence parfaite, c'est tout l'inverse ici. On défie aussi la loi de la popularité : c'est la moins jolie et la moins bien nantie qui a le plus d'amis à l'école.
L'échange est une fiction : l'échange a bel et bien lieu, les jeunes filles se retrouvent bel et bien l'une dans la peau de l'autre et doivent trouver un moyen de reprendre leurs corps respectif. On voit Estelle s'interroger et tenter de comprendre ce qui a bien pu se passer. Elle se demande comment Tatiana, celle dont elle a pris la place, doit se sentir. Les deux jeunes filles sont conscientes que la situation est n'a rien de normal. On est à la limite du réel, et on se demande jusqu'où l'auteur ira.
L'histoire est donc bien rodée, et malgré le fait que même les personnages soient eux-mêmes sceptiques face à la situation, on s'y croirait presque. Les réflexions des personnages sont pertinentes, et l'auteure évite de tomber dans les clichés du récit fantastique.
Si vous avez aimé, vous pourriez être tenté par La nuit de la 25e heure.
Merci à Oskar édition pour le roman!
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Bonjour, je vous remercie pour votre chronique que j'ai découverte il y a peu. Votre analyse m'a beaucoup touchée. J'ai publié depuis un nouveau roman, pour adolescents également (à partir de 11 ans) intitulé "Les ailes du papillon", que j'ai écrit dans le même esprit. Le fantastique n'étant qu'un prétexte pour aborder certains dilemmes. Merci encore!