Il y a toujours eu un mystère autour du passé de Kaleb Helgusson, sa mère étant morte en le mettant au monde et son père l’ayant ensuite promené de villes en villes, ne restant jamais plus de deux ans au même endroit, à la demande d’un homme mystérieux. Mais quand son paternel décide de s’installer à Paris pour de bon alors qu’il a dix-huit ans, Kaleb change subitement. Ce qu’il ne comprend pas au départ et lui fait faire des excès de rage est en fait un puissant pouvoir d’empathie qui lui permet de littéralement se brancher sur les émotions des autres humains. Don ou malédiction? Kaleb s’emploiera-t-il à faire le bien ou se laisse-t-il aller dans les ténèbres? Après tout, il est si facile d’être mauvais… d’autant plus qu’il semble être la cible d’une mystérieuse organisation menée par un homme un peu fou qui torture à mort les êtres dotés de pouvoirs comme Kaleb et que le jeune homme ne sait plus à qui se fier. Bientôt, il comprendra que les origines islandaises de sa mère sont la clé, mais encore faut-il trouver plus d’informations… et rester en vie.
Adressé à un public de jeunes adultes plutôt que d’adolescents, la maison d’édition le classe elle-même 15 ans et +, Kaleb a comme personnage principal un jeune homme colérique et manipulateur. La fine ligne entre le Bien et le Mal est au cœur de l’intrigue de ce roman qui touche au fantastique tout en étant ancré dans une réalité très crédible, mais aussi particulièrement violente, ce qui rend la lecture difficile pour les âmes sensibles. C’est un roman pour lecteurs avertis, donc, la violence côtoyant aussi une sexualité assez explicite.
Mon avis
Ouf… Kaleb n’est décidément pas le genre de roman qui nous laisse indifférents. C’est dur, c’est froid, c’est mystérieux, c’est captivant, le tout en alternance, de quoi donner le tournis et de quoi donner un avis un peu ambigu.
Commençons par ce que je n’ai pas aimé : Kaleb lui-même, du moins durant la première partie. Ingrat et dur envers son père, manipulateur avec les filles, il a beau avoir des problèmes à gérer ses émotions à cause de son don d’empathie, il est dur de tout lui pardonner. La couverture même du roman a beau indiquer « Il est si bon d’être mauvais », l’auteur n’a pas réussi à créer ce lien entre son personnage et moi qui m’aurait permis de tout accepter et j’ai jugé, parfois bien durement, Kaleb.
J’ai aussi détesté le personnage de Lucille, trop soumise, trop pathétique. Il ne m’a pas semblé qu’il était nécessaire d’en faire une telle carpette. On sent déjà la force de Kaleb, inutile de lui accoler une partenaire si faible… Enfin! Finalement, il y a des variations de style dans l’écriture tout au long du roman, certaines parties étant très fortes, constituées de phrases longues et complexes alors que d’autres sont saccadées, moins peaufinées. Passer de l’un à l’autre n’est pas toujours aisé et plutôt déstabilisant…
Mais je vous ai dit que mon avis était ambigu et c’est parce qu’il y a nombre d’éléments qui m’ont plu : Le mystère qui entoure les enfants du volcan, l’organisation Sentinel, le lien qui unit la fille du colonel à Kaleb aussi et qui fait qu’on tourne rapidement les pages. D’ailleurs, la finale est spectaculaire et a fait exploser ma curiosité. J’ai aussi apprécié le talent de l’auteur qui arrive à rendre parfaitement l’intolérable tension des interrogatoires et séances de torture, mais aussi à rendre l’ambivalence de l’assistante du colonel. Nuancée, déstabilisée par ce qu’elle voit, on sent qu’il y a une faille. D’ailleurs, la deuxième partie du roman lui laisse une plus grande place et, si je ne veux pas dévoiler de secrets, sachez que je n’étais pas au bout de mes surprises!
J’ai en outre beaucoup aimé le récit de deux des premiers enfants du volcan, qui vient apporter une autre variante à l’idée du Bien et du Mal qui est au centre du roman et dont l’auteur explore toutes les facettes en multipliant les retournements de veste des personnages et les rebondissements.
En bref? Un roman qui ne peut laisser insensible et qui est captivant, mais une lecture difficile tant les scènes sont parfois cruelles et tant le style est inégal.
Si vous avez aimé, vous pourriez être tenté par Saba, l'Ange de la mort.
Merci à la maison d'édition Robert Laffont pour le roman!
Sophielit est partenaire des Librairies indépendantes du Québec (LIQ). Cliquez ici pour plus d'informations sur ce partenariat.
Nouveau commentaire