Quand Viktor tente d’embrasser Agatha pendant la projection d’un film de propagande qu’il voit pour la troisième fois, le jeune garçon ne pense pas aux conséquences. Et pourtant dans la Pologne communiste des années 50, son geste, si petit soit-il, peut entrainer des catastrophes, entre autres pour son père, déjà surveillé par le Parti…
Ce roman graphique nous plonge au cœur du quotidien de divers personnages tout en dénonçant le système communiste. Sombres, les dessins de Sandrine Revel permettent aux lecteurs de s’immerger dans cet univers oppressant, mais ils rendent aussi bien les moments fugaces de liberté des personnages. Attention toutefois, les multiples histoires en parallèle et le fait que l’on passe de l’une à l’autre sans avertissement peuvent compliquer la lecture. En outre, certaines scènes laissent deviner les sévices que pouvaient subir la population et le texte n'est donc pas approprié pour les plus jeunes.
Mon avis
Côté texte, Marzena Sowa a déjà abordé les souvenirs de son enfance en Pologne avec la série Marzi et elle traite cette fois-ci d’une façon plus détachée de la période du communisme dans les années 50. Elle crée ainsi une galerie de personnages et présente leur réalisé dans ce pays où les murs ont des oreilles et où la paranoïa trouve sa raison d’être dans les dénonciations fréquentes. Si j’aurais parfois aimé qu’on aille plus loin dans la thématique politique, j’ai bien aimé que l’auteure se place à la hauteur d’enfant et parte d’eux pour construire son récit. D'ailleurs, elle offre à la fin du récit une section plus historique où elle revient sur les faits de l'époque du Bloc de l'Est et apporte ainsi un beau complément d'information.
Je mentionne plus haut qu’il est parfois difficile de suivre tellement on passe rapidement et sans explication d’une histoire à une autre, mais une fois qu’on accepte ce fait, qu’on place les personnages et qu’on comprend les liens entre eux, le tout devient plus fluide.
Côté illustrations, les dessins de Sandrine Revel sont magnifiques et elle arrive à rendre la naïveté des enfants et la désillusion des adultes dans leurs postures, leurs gestes, leurs regards. L’absence de lignes noires entourant les cases crée aussi une ambiance particulière et participe à plonger le lecteur dans un autre monde.
En bref? Une plongée dans l’univers du communisme en Pologne à hauteur d’enfant et un magnifique travail graphique.
Si vous avez aimé, vous pourriez être tenté par Polina.
Merci à la maison d'édition Dupuis pour le roman!
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