La mère de Connor est atteinte d’un grave cancer et son état se détériore. Depuis qu’elle est tombée malade, l’adolescent redoute les nuits car il, quelques minutes après minuit, immanquablement, un horrible cauchemar surgit. Mais un soir, un monstre ancestral prend vie dans l’if près de la maison de Connor et vient rendre visite à l’adolescent en lui proposant son aide. D’abord effrayé, Connor pense ensuite que le monstre est là pour l’aider à supporter la présence de sa grand-mère, à survivre à l’intimidation dont il est victime ou encore à guérir sa mère et il est tenté de lui faire confiance. Seulement, l’if l’amènera là où il ne s’attendait pas à aller…
Mélangeant le fantastique à une réalité dure, Patrick Ness touche au merveilleux avec ce récit qui aborde les thèmes de la maladie, de la séparation et de l’intimidation. Si la philosophie est très présente, elle n’est pas aride puisque tout passe dans les histoires que l’if raconte à Connor et que les mots employés par l’auteur restent toujours accessibles. En outre, les illustrations permettent au lecteur de bien visualiser les éléments du récit.
Mon avis
« Les histoires sont des créatures sauvages. Quand tu les libères, qui sait ce qu'elles peuvent déclencher. »
Illustration de Jim Kay
Il est difficile de donner mon avis sur ce roman parce que je ne sais trop comment décrire un tel joyau. Cette histoire, écrite par Patrick Ness et née d’une idée de Siobahn Dowd, auteure décédée trop tôt, emportée elle-même par la maladie, est surprenante, touchante, criante de vérité.
Au fil des pages, Patrick Ness rend palpable la tension de Connor, la cruauté de ce secret qu’il doit garder tapi dans un coin de son cœur et qui le ronge alors que sa mère se meurt lentement. Il a aussi su rendre palpables la douleur et le poids des regards des autres, remplis de pitié, si bien qu’on comprend parfaitement la colère de Connor. Il y a une grande lucidité dans cette approche, dans ce personnage qui lutte contre les autres et contre lui-même et c’est un coup de génie d’avoir utilisé un personnage comme l’If, un monstre ancestral porteur de mille histoires, qui parvient avec trois récits surprenants à faire éclore la vérité.
Ces trois récits sont d’ailleurs une des forces du roman. Contenant des symboles parfois trop subtils pour Connor ou pour les jeunes lecteurs, ces petits récits se révèlent dans leur confrontation avec la réalité et distillent leur philosophie, faisant énormément réfléchir. Ce sont les illusions de l’enfance que le monstre secoue, forçant Connor à faire face à ce qui lui fait le plus peur.
Et ce secret, cette terrible vérité que Connor ne veut pas avouer, elle se retrouve dans la noirceur des illustrations de Jim Kay. Mélange d’encre et de gravure, elles rendent magnifiquement l’état d’esprit torturé du personnage principal et permettent au lecteur de voir littéralement l’if prendre vie. Ces images sont saisissantes et d’une grande beauté, tant dans leur ensemble que dans les détails.
« Les histoires sont les choses les plus sauvages de toutes, gronda-t-il. Les histoires chassent et griffent et mordent. »
Et c’est vrai. Celle-ci entre autres, reste marquée profondément dans mon esprit…
En bref? Un coup de cœur total. À lire et relire, en morceaux et dans son ensemble.
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Merci pour cette suggestion fabuleuse! C'est un coup de coeur total pour moi aussi!