Hannah a un don; elle entend certaines pensées des gens qui l’entourent. Si elle utilise habituellement un brouilleur pour couper les sons, elle a tout de même compris que son beau-père était un meurtrier. Et c’est pourquoi elle doit devenir Becca et s’enfuir sur l’île de Whidbey. Devant y rejoindre une vieille amie de sa mère, Becca se voit forcer de changer les plans quand elle se rend compte que la dame en question vient de rendre l’âme et que sa mère ne décroche pas son téléphone, seul lien qui les relie encore. Laissée à elle-même, l’adolescente devra apprendre à faire confiance aux habitants de l’île tout en cachant cette particularité qu’elle a et qui pourrait lui attirer des ennuis. Toutefois, par un concours de circonstances, elle se retrouve au cœur d’une enquête suite à la chute suspecte d’un adolescent dans les bois de Saratoga Woods et elle se retrouvera devant l’obligation de choisir : s’impliquer pour résoudre l’énigme ou continuer de se cacher…
Dans ce suspens aux accents de fantastique grâce à la capacité de Becca de saisir des bribes de conversations intérieures, Elizabeth George met en scène plusieurs intrigues qui se recoupent et une multitude de personnages. Il y est question de préjugés et de rédemption, des choix de vie que l’on fait et du bagage que chacun traine. Attention toutefois, étant donné la multitude des propositions et la lenteur de l’intrigue, les lecteurs intermédiaires pourraient décrocher.
Mon avis
Elizabeth George est une auteure établie dans le domaine du thriller et cette première incursion dans la littérature pour jeunes adultes est intéressante bien que pas complètement réussie. En effet, on sent la maîtrise du genre de l’auteure, mais on sent aussi son habitude d’écrire pour les adultes, spécialement dans la lenteur de la mise en place de l’intrigue.
Si on comprend rapidement le don d’Hannah et le drame de la découverte du côté obscur de son beau-père, sa fuite n’est pas mise en valeur et on se retrouve rapidement sur Whidbey. Là, malgré le rebondissement qu’amène la mort de l’amie de la mère de Becca, le rythme ralentit beaucoup. On est dans l’acclimatation et la découverte de l’environnement pendant environ deux cents pages, ce qui est très long. Je dois même avouer que si ça n’avait été du personnage de Derrick et de cette étrange « Réjouissance » qui résonne sans arrêt dans ses pensées, j’aurais peut-être abandonné.
Cela aurait été bien dommage parce que la suite est fort réussie. Dès que l’adolescent est retrouvé au seuil de la mort dans les bois, l’intrigue repart de plus belle et Elizabeth George crée un suspens tout en exposant lentement les facettes plus sombres des personnages qu’elle a mis en place, travaillant autour de l’idée du bagage du passé et de la possibilité de la rédemption. En outre, on quitte alors le seul point de vue de Becca et on découvre les motivations des autres habitants de l’île. Seul bémol de cette partie, la paranoïa de Becca l’amène à se cacher, entrecoupant son enquête. Mais bon, j’ai tout de même été dès lors solidement accrochée et je ne serais pas contre une suite. En effet, l’histoire est au final constituée de plusieurs couches et toutes les réponses ne sont pas données sans Saratago Woods, ce qui laisse place à une suite. Heureusement, l’intrigue principale est pour sa part bouclée et sa finale est bien amenée et surprenante à souhait.
En bref? Le lecteur doit être persévérant au départ, mais l’intrigue en vaut la peine!
Si vous avez aimé, vous pourriez être tenté par Le dernier message.
Merci à la maison d'édition Presse de la cité pour le roman!
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