Billet rédigé par Sarah-Jeanne Desrochers
Depuis sa naissance, Valentine est atteinte d'épilepsie. Elle en a marre de toujours se sentir marginalisée, d'être la fille malade de l'école. Les choses ne vont pas en s'améliorant, car depuis quelque temps, elle fait de mystérieux cauchemars dans lesquels elle se promène dans un labyrinthe comportant des dizaines de portes. Lorsque son médecin et ses parents décident de l'envoyer dans un lycée-clinique expérimental, elle n'est pas enchantée à cette idée. Elle y rencontrera pourtant des adolescents également épileptiques avec qui elle se découvrira des affinités. Plus encore : on lui apprendra que son épilepsie cache en fait un don...
Marin Ledun nos propose une incursion dans des mondes parallèles. Il émet l'hypothèse que certaines personnes ont la faculté de voyager à travers ces mondes : les épileptiques. Il utilise donc les pertes de consciences provoquées par les crises pour faire voyager ses personnages entre différents mondes. Mis à part leur trouble neurologique, les adolescents sont tout ce qu'il y a de plus normal, et connaissent l'amour et l'amitié, deux thèmes très présents au sein du roman. Les changements entre les mondes sont bien définis, mais pourraient rebuter les lecteurs débutants. Le vocabulaire est également un peu plus recherché.
Mon avis
"[Valentine] a désormais la force d'être elle-même. Une ado atteinte d'une forme aiguë d'épilepsie. Ni plus, ni moins. Plus tout à fait une malade."
J'ai adoré la prémisse : l'épilepsie n'est pas une maladie, mais un don permettant aux gens qui en sont atteints de voyager entre les différents mondes, voir les modifier. Bien que les manifestations et les crises diffèrent énormément d'un individu à l'autre, l'auteur est parvenu à décrire avec beaucoup de crédibilité la façon dont un épileptique se sent lors de ces crises. Le jargon médical peut sembler complexe à première vue, mais n'est finalement pas beaucoup plus obscur que celui utilisé dans n'importe quel roman traitant d'une maladie qui aurait plutôt été inventée.
L'idée que notre réalité ne soit qu'une réalité possible parmi tant d'autres est également très intéressante. Et si le gouvernement était renversé? Et si nous décidions plutôt de revenir à un mode de vie rural? Ce concept de mondes est habituellement traité de façon plus fantastique, mais la vision est ici beaucoup plus apparentée à la science-fiction. Par contre, la maison d'édition a placé ce livre dans la catégorie thriller, alors que je l'aurais catégorisé en fait comme de la science-fiction, bien que le rythme soit en effet très rapide et qu'une certaine tension y règne.
Bref, j'ai passé de bons moments dans le labyrinthe des possibilités, et j'ai beaucoup aimé ce clin d'oeil à l'épilepsie. À ma connaissance, très peu de romans traitent du sujet, et c'est une excellente façon de rappeler à un jeune que sa condition ne le rend pas différent, mais unique.
Si vous avez aimé, vous pourriez être tenté par À la croisée des mondes.
Merci aux éditions Rageot pour le roman!
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