Fille à vendre

Quand Leïla comprend que son copain la trompe alors qu’elle refuse depuis un moment de lui offrir sa virginité, elle a besoin d’en parler. Mais son frère et confident est déménagé à Québec et trop occupé par ses études, ses parents ne sont pas présents pour elle et sa nouvelle meilleure amie a parfois des réactions étranges. Bref, rien qui lui donne envie de se confier. C’est alors qu’elle est allée prendre l’air à Montréal que la jeune fille rencontre Jonathan, un homme de vingt-deux ans qui semble absolument parfait et, surtout, qui lui offre une oreille attentive. Ce dernier la comprend, l’écoute, la couvre de cadeaux. Alors que tout devient catastrophique à la maison, Leïla accepte son offre de l’héberger et fugue définitivement. Mais l’univers de celui qu’elle finira par appeler Young Gun n’est pas aussi rose que prévu et le vernis craque quand Leïla sombre dans l’alcool et la drogue. Bientôt obligée de se prostituer pour faire plaisir à celui qu’elle aime malgré tout et pour se procurer son fix dont elle a tant besoin, celle que ses nouveaux amis surnomment Butterfly ne se reconnaît plus dans le miroir…

Adressé à un public de 16 ans et plus, ce roman de la collection Tabou aborde le thème délicat de la prostitution juvénile. Intervenante dans le milieu, Dïana Bélice écrit une fiction aux accents très réalistes et n’hésite pas à écrire des scènes crues visant clairement un public averti. Pourtant, elle ne tombe pas dans le voyeurisme et ce roman, quoique difficile à lire tant la violence est présente, est très pertinent pour des adolescentes en perte d’équilibre et accessible à tous les niveaux de lecteurs.

Mon avis

Quelle lecture pour le moins déstabilisante ! Juste à voir la couverture, on sait qu’on va plonger dans quelque chose de particulier, mais rien ne peut nous préparer à l’enfer dans lequel est rapidement plongée Leïla, enfer dans lequel nous avons un peu l’impression d’être plongé nous-mêmes étant donné la narration au « je ». Si la première partie m’a semblé moins bien construite, comme si ce n’était qu’un passage obligé et que l’auteure y avait mis moins de temps que pour le reste, l’arrivée de Jonathan amorce une partie beaucoup plus maîtrisée.

On sent que l’auteure est impliquée dans le milieu et le tout est hyper réaliste sans pourtant que cela tombe dans la didactique. Oui, on voit Leïla passer par des étapes types de ce genre de situations, mais on a l’impression que c’est naturel et non pas placé. De quoi donner la chair de poule à la maman que je suis et aussi à l’enseignante en moi. Finalement, c’est si facile de tomber…

Comme nous sommes dans la tête de Leïla, on se rend parfois compte au fil du récit qu’elle perd bien, que son jugement s’altère, qu’elle s’accroche à tout ce qu’elle peut. Si à certains moments je ne la comprenais pas du tout, comment peut-elle trouver « normal » d’être abusée par ceux qui se disent être ses amis?, on voit aussi tout l’impact de la drogue sur ses pensées et on comprend un peu mieux sa transformation. En outre, ce choix de narration nous permet d’assister aux conflits perpétuels entre Leïla et Butterfly, cet alter ego créé pour affronter les réalités de cette vie qu’elle s’est choisie… et de laquelle il est vraiment difficile de sortir.

En bref ? Un roman choquant, mais très bien documenté et nécessaire.

Découvrez-en plus sur le cheminement d’écriture de Dïana Bélice dans l’entrevue qu’elle m’a accordée ici !

Si vous avez aimé, vous pourriez être tenté par Poupée qui traite du même sujet. 

Merci aux éditions de Mortagne pour le roman !