Quand Pascale, quatorze ans, demande à un de ses collègues de classe ce qu’il pense d’elle, celui-ci lui répond qu’elle a encore « son gras de bébé ». La jeune fille n’est pas grosse, mais elle pense aussi qu’il lui faudrait perdre quelques kilos. C’est ainsi qu’elle se met à calculer ce qu’elle mange, à faire plus de sport, à lutter contre ses envies et cette faim tapie au creux de son ventre. Et alors qu’elle croit qu’elle gagne la partie, elle est en train de perdre celle contre la maladie qui s’est doucement insinuée en elle et qui contrôle maintenant sa vie…
Centré du l’anorexie, le roman réaliste de Geneviève Piché est écrit au « je » et permet au lecteur d’entrer dans l’esprit de Pascale. On vit donc avec elle les différentes étapes de la maladie et on voit tranquillement le filtre déformé de l’anorexie se mettre en place. Accessible à tous les niveaux de lecteurs, ce roman assez court est une bonne amorce à la réflexion.
Mon avis
L’anorexie est un sujet dont il faut parler aux ados. C’est mon opinion de femme parfois un peu trop sensible aux publicités, mon opinion de prof aussi quand je vois mes élèves de première secondaire dépitées de prendre des formes. Au collège où je travaille, nous avons longtemps lu Comme une peau de chagrin afin de conscientiser les jeunes. C’est une lecture pertinente parce qu’on a le regard de l’amie qui voit les signes de la maladie, mais j’aime beaucoup que Seule contre moi nous amène à l’intérieur de celle qui « vit » l’anorexie.
Rapidement et avec une écriture fluide, Geneviève Piché entraine Pascale dans la descente aux enfers, nous montrant comment la maladie s’installe, comment l’isolement devient important, comment le regard et l’esprit sont rapidement altérés par le filtre de l’anorexie. Ensuite, une bonne partie du roman est consacrée à la remontée vers la lumière. Il me semble que cela en fait un roman très pertinent parce qu’il est à la fois terrifiant de voir Pascale perdre pied (oui, mais moi je serai capable de garder le contrôle, pense-t-elle comme nombre de celles qui sont passés par ce chemin) et qu’on comprend à quel point la route est longue pour vaincre la voix de la maladie qui se fait plus forte que tout. Mention spéciale à la psy qui permet à l’adolescente de comprendre certains besoins et qui fait le pont entre les membres de la famille éclatée. Parce que oui, une remarque désolbligeante peut sembler être le point de départ, mais il y a souvent un mal être beaucoup plus profond...
Écoutez Geneviève Piché nous parler de son roman et en lire un extrait.
Si vous avez aimé, vous pourriez être tenté par Jeanne Moreau a le sourire à l’envers qui traite de l’anorexie masculine.
Merci aux éditions Québec Amérique pour le roman !
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