Lorsque sa cousine Tara emménage près de la mer dans la vieille maison abandonnée tout près de chez elle, Anna ne réagit pas très bien. Il faut dire que la jeune fille menait une existence heureuse entourée de ses parents et de son meilleur ami et que Tara vient faire éclater tout ça avec son caractère difficile et ses étrangetés. En effet, en plus de lancer des bouteilles à la mer, de clamer sans arrêt que le rouge est sa couleur préférée car elle veut dire Stop et refuser qu’Anna la voit se changer, Tara semble perturbée. Et la situation ne s’arrange pas quand sa mère se suicide, la laissant seule avec un père qui la couve comme une poupée. C’est finalement le naufrage d’un banc de baleines qui permettra à la jeune fille de révéler son secret autrement qu’en métaphores que personne ne comprend, ou ne veut comprendre. En prenant part à l’opération de sauvetage, Tara rencontrera une femme qui pourra mettre des mots sur ce qui lui arrive et l’aidera à s’en sortir.
Roman complexe qui traite du thème difficile de l’inceste et de la difficulté qu’on les victimes à en parler, Ma tante est un cachalot offre une intrigue très réaliste et intemporelle. L’histoire est toutefois assez lente et s’adresse à des lecteurs avancés.
Il y a peu de romans traitant d’inceste en littérature jeunesse et c’est pourtant un sujet important afin de pouvoir aider ceux qui vivent ce drame à trouver une porte de sortie. Pour cet aspect, Ma tante est un cachalot est un roman à recommander parce qu’on croit totalement à ce que vit Tara et que je ne doute pas que ceux qui vivent la même chose qu’elle sauront se reconnaître dans son comportement, dans cette incapacité qu’elle a de mettre des mots sur son vécu et dans ce terrible dilemme qu’elle vit, prise entre sa volonté de voir s’arrêter cette douleur et son amour toujours présent pour son père.
« Ma maman a vu quelque chose qu’elle ne voulait pas voir. »
L’écriture semble d’ailleurs moulée à l’histoire, remplie de métaphores, d’images étranges, d’histoires de sorcière et nourrie d’ellipses, comme si l’auteure voulait faire passer le lecteur à travers les mêmes difficultés de langage de Tara, comme s’il fallait nous aussi défaire les nœuds avant d’arriver au cœur du récit.
Si l’idée est intéressante, le résultat est un début difficile à comprendre et très lent. J’ai eu l’impression que l’histoire n’avançait pas et, comme Tara est vraiment antipathique et que la narratrice ne se définit que par rapport à elle, je ne me suis pas attachée aux personnages. Ardu donc de trouver quelque chose à se raccrocher à part la quête des signes de la situation de Tara et ma volonté de la voir s’en sortir.
C’est finalement avec l’apparition des baleines et de Petr’Ann que le roman gagne en intensité et acquiert un rythme plus captivant. Le parallèle est surprenant, mais nécessaire pour que Tara ose parler de ce qui se passe et la fin apporte un espoir bienvenu.
En bref? Un début auquel il est difficile d’accrocher, mais une histoire pertinente et une écriture originale.
Merci à Dimédia pour le roman!
Sophielit est partenaire des Librairies indépendantes du Québec (LIQ). Cliquez ici pour plus d'informations sur ce partenariat.
Nouveau commentaire