Forcée de quitter la campagne à la suite de mauvaises récoltes et à cause des dettes qui s'accumulent, la famille de Gopal arrive en ville sans être préparée à cette nouvelle réalité. Alors que son père s’est perdu en tentant de trouver son chemin, Gopal, sa mère, son frère et sa sœur arrivent tant bien que mal chez l’oncle qui les attend. Toutefois, presque aussitôt après leur installation, Gopal est victime d’un piège et, kidnappé, il se retrouve enfermé dans un atelier de fabrication de cadres avec cinq autres enfants, tous silencieux et dociles pour éviter les coups. Seul à vouloir trouver un moyen de sortir, Gopal devra d'abord apprivoiser ses compagnons avant de trouver un moyen d'échapper aux griffes de celui qui les surveille étroitement…
Dénonçant le travail des enfants en Inde, Kashmira Sheth écrit ici une histoire initiatique touchante où l’espoir d’une meilleure vie sert de fil conducteur et où l’art de raconter des histoires permet de sauver des vies. Complexe et assez lent puisqu’on se concentre davantage sur la psychologie que sur l’action, le roman s’adresse à des lecteurs avancés.
Garçons sans noms, c’est d’abord et avant tout un dépaysement complet alors que les premiers chapitres nous amènent dans la campagne indienne, puis vers Bombay, ville que l’on découvre avec les yeux naïfs de Gopal.
Imagées et efficaces, les descriptions de Kashmira Sheth nous permettent de se retrouver vraiment en Inde, dans des rues surpeuplées au milieu de gens qui cherchent à survivre comme ils le peuvent. Et même si la plupart du roman se passe dans le huis clos de l'atelier de travail, entre le grenier où les garçons sont accroupis toute la journée, la tête penchée sur les cadres à décorer et le rez-de-chaussée où leur maître les surveille, les nourrit, les bat aussi, on se sent ailleurs tout au long du récit grâce aux références du quotidien des enfants et, aussi, grâce aux histoires qu’ils se racontent.
Véritable fil conducteur, ces histoires que Gopal raconte d’abord à son frère et sa sœur plus jeunes puis aux enfants de l’atelier sont finalement la clé des barreaux, plus solides encore que ceux des fenêtres, qui enferment l’esprit de ces petits esclaves, rendus dociles par les privations et la peur de la délation.
Garçons sans noms, c’est donc aussi une réflexion sur notre mode de vie de consommateurs. On n’a en effet pas le choix de se poser des questions en voyant tout ce qui se passe en Inde. Il y a une différence entre en entendre parler aux nouvelles et rencontrer intimement ces enfants esclaves à travers une fiction basée sur des faits réels. Oui, le roman se termine bien, mais on reste avec un certain malaise à l'idée de tous les autres enfants qui n’ont pas cette chance et qui sont encore, à l’heure actuelle, penchés sur leurs cadres…
Merci à l'école des loisirs pour le roman!
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