Billet écrit par Ericka Tabellione
Elle s’appelle Nastya mais ce n’est pas son vrai nom. Depuis 452 jours, elle ne parle plus, ni à sa famille, ni à ses amis. Pas un mot ne sort de sa bouche depuis qu’une sauvage agression a changé sa vie et l’a laissée détruite.
Dans sa nouvelle école, loin de son ancienne vie et de sa famille, derrière les couches de maquillage gothique et les vêtements provocants, la jeune fille tient à distance tout le monde excepté Josh Bennet, qui est toujours seul et semble bien s’en contenter. Un jour, le jeune homme brise le mur de silence de Nastya : la vie de l’adolescente en sera bouleversée à jamais…
Tes mots sur mes lèvres est un récit dramatique qui plaira aux lecteurs de 13 ans et plus. Écrit à deux voix, ce roman explore les thèmes de la famille, de l’amitié, de l’estime de soi et de la rédemption.
Deux jours. C’est le temps que m’a pris la lecture de ce roman. C’est toujours bon signe quand le goût de retrouver les personnages d’un roman me consume au point de regarder les aiguilles de l’horloge et d’attendre avec impatience mon retour à la maison pour me replonger dans ma lecture.
Tes mots sur mes lèvres est le premier roman de l’américaine Katja Millay. Avec un sujet aussi délicat qu’une agression, l’auteure aurait pu tomber dans la facilité et nous servir un mélodrame à l’eau de rose. Au contraire, l’histoire de la jeune Nastya se dévoile par petites touches, au fur et à mesure qu’elle-même est en mesure d’affronter la réalité et cesse de s’isoler dans la prison silencieuse qu’elle s’impose. Par ailleurs, le roman c’est aussi un peu l’histoire de Josh. Adolescent orphelin de 17 ans, Josh Bennet a perdu sa mère et sa sœur dans un accident de voiture. Son père a succombé quelques années plus tard. Les deuils successifs renforcent sa volonté d’éviter de s’attacher à quelqu’un qu’il risque de perdre. Désormais émancipé, Josh se réfugie dans la solitude et le travail du bois. Un soir, sans crier gare, la belle Nastya apparait sur le seuil de son garage, l’observe sans dire un mot et repart. Soir après soir, elle revient et dit un mot, ensuite deux et finit par parler à la seule personne aussi blessée par la vie qu’elle-même. L’amitié s’installe puis le sentiment amoureux. Toutefois, comme je le disais plus tôt, l’auteur ne fait pas dans la facilité : elle fait patienter le lecteur pendant trois cents pages avant de laisser la relation amoureuse commencer, se concentrant d'abord sur la relation d'amitié entre deux écorchés de la vie, ce qui rend la suite crédible.
Seule ombre au tableau mais elle est minuscule : la traduction française. Dans un souci de refléter un monde adolescent branché, le traducteur utilise parfois des expressions franchement trop… franchouillardes (exemple : ça craint) qui ont brisée ma concentration.
Merci aux Éditions Fleuve noir pour ce roman.
Excellent billet, comme toujours, Ericka !