Billet écrit par Sarah-Jeanne Desrochers
Angélique a toujours eu l'impression d'être de trop dans sa famille. Sa mère ne semble pas l'aimer autant qu'elle aime son frère et son père les a abandonnés un peu avant sa naissance. Après une prise de bec avec son frère Théo, celui-ci traverse la rue sur sa planche à roulettes sans regarder et est happé par une auto. C'est à ce moment qu'Angélique commence à sombrer : non seulement se sent-elle responsable de l'accident qui aurait pu être fatal, mais d'autres blessures enfouies depuis longtemps refont surface. Afin de soulager sa peine, elle commence à se blesser à l'aide d'un exacto. Malheureusement, elle se retrouvera rapidement dans un tourbillon de dépendance à ce soulagement temporaire de ses blessures intérieures.
Le roman L'âme à vif raconte l'histoire d'une adolescente mal dans sa peau. Ayant une faible estime d'elle-même et une relation très conflictuelle avec sa mère, Angélique en viendra à poser des gestes d'automutilation. L’auteure aborde également les thèmes de la fratrie, de l'amitié et de l'intimidation. Le roman s'adresse aux adolescents de 14 ans et plus pour ses termes plus matures et conviendra à tous les niveaux de lecteurs.
J'avais beaucoup aimé son premier roman dans la collection Tabou, L'amour à mort, et c'est avec plaisir que j'ai retrouvé les mots de Corinne de Vailly! Angélique est très mal dans sa peau, et l'auteure le rend très bien. On sent très bien le désespoir sur personnage, mais on est également témoin de ses moments de lucidité où elle se questionne sur sa situation et ses émotions. Le personnage a donc ses hauts et ses bas, ce qui rend le roman moins lourd.
On reproche parfois aux auteurs traitant de réalités adolescentes de faire bien malgré eux la morale au lecteur. Ce n'est ici pas le cas. On ne sent pas que l'auteure tente d'envoyer un message trop explicite. Dans l'histoire, Angélique fait la découverte d'un forum de discussion sur lequel se retrouvent des adolescents et de jeunes adultes qui vivent la même situation qu'elle. C'est dans ces échanges que se retrouvent des témoignages ou commentaires qui ont un ton un peu plus moralisateur, mais ils restent tout de même peu nombreux.
Le personnage a la chance de trouver en Salomé une alliée qui l'aidera à s'en sortir. J'ai moi aussi joué ce rôle, et les confidences que j'avais alors reçues collent très bien avec ce qu'Angélique raconte. C'est donc une victoire pour l'auteure qui parvient à peindre avec justesse le portrait d'une jeune fille aux prises avec des problèmes d'automutilation.
Petit coup de coeur : j'ai adoré la « boite à sourires » qu'offre Salomé à Angélique pour l'aider à s'en sortir!
Ajout de Sophie: L'automutilation est un phénomène de plus en plus fréquent dans les écoles secondaires et, en tant qu'enseignante, j'y ai fait face à de nombreuses reprises cette année. Qu'un livre portant sur le sujet et offrant une porte de sortie à celles prises dans ce tourbillon soit publié dans la collection Tabou me semble très pertinent. N'hésitez pas à passer le mot !
Merci aux éditions de Mortagne pour le roman!
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