Pierre contre ciseaux

Depuis qu’elle est toute petite, Alma retrouve chaque fin de semaine Carmen et Marito sur le delta où elle a une maison avec ses parents. Si son quotidien est différent de celui de ses amis, Alma habitant un riche appartement de Buenos Aires la semaine et Carmen et Marito devant travailler pour aider la famille à subvenir à leurs besoins, ils oublient tout lorsqu’ils sont ensemble et grandissent avec insouciance. Toutefois, le coup d’État de 1976 les éloigne inexorablement, Alma étant incapable de comprendre la résistance dans laquelle s’engagent Carmen et Marito. Et alors que son amoureux commence à lui faire prendre conscience des luttes sociales et de l’égoïsme des nantis, le malheur frappe…

Pierre contre ciseaux est un roman mettant en scène un amour impossible dans une Argentine déchirée par la lutte des classes sociales. Utilisant les faits historiques pour créer son décor, l’auteure se concentre davantage sur le passage de l’enfance à l’âge adulte d’Alma et sur sa découverte de la vie avec toutes ses réalités. Assez dense, le roman s’adresse à des lecteurs intermédiaires et avancés.

Mon avis

Je suis sortie de cette lecture avec une impression mitigée. D’un côté, j’ai aimé l’écriture  fluide et stylisée, collant au passage du temps, plus lente dans l’enfance et l’insouciance, plus pressée à l’adolescence. J’ai aussi justement aimé cette description du passage d’un âge à l’autre, d’abord dans toute la naïveté d’Alma, puis dans ces petits moments où elle prend conscience de la différence entre sa vie et celle de Carmen et Marito. Certaines scènes, particulièrement celles où Alma fait ce qu’elle qualifie elle-même de « trahisons », sont très fortes.  

Toutefois, j’ai terminé ce roman avec un l’impression qu’il n’était pas complet. Oui, c’est une belle histoire d’amour impossible et on saisit toute la différence des classes sociales en Argentine, mais j’en aurais pris plus. Sur le contexte politique, sur ce qui est arrivé à Carmen et à Marito, sur la raison des retrouvailles finales. Le contexte historique de la dictature argentine est trop peu utilisé, comme si la dimension politique n’était qu’esquissée alors qu’elle pourrait expliquer certaines actions et conséquences. Je suis donc partagée, mais il est sûr que le roman m’a donné envie de connaître davantage cette période de l’Histoire ! 

Merci à l'école des loisirs pour le roman !