J'ai rencontré Priska Poirier, l'auteure de la série
Le royaume de Lénacie, au Salon du Livre Jeunesse de Longueuil. Elle m'a parlé de ses livres et m'a semblé très sympathique. J'ai lu Les épreuves d'Alek il y a quelques semaines et j'ai ensuite eu envie de lui poser quelques questions... En voici le résultat!
D'où vient votre inspiration pour le Royaume de Lénacie ?
Au départ, j'ai décidé d'écrire sur le monde sous-marin, parce que très peu d'auteurs l'avaient déjà fait. Les idées préconçues n'existent donc à peu près pas et un monde de possibilités s'ouvrait à moi. Il ne faut pas oublier que si l'on veut qu'une série fonctionne, l'originalité est essentielle.
De plus, je dois avouer que je crains les créatures sous-marines. Depuis que, petite, j'ai écouté le film « Les dents de la mer », à peu près tous les poissons me font un peu peur (rires). Il y a donc peu de chance que j'essaie d'aller explorer le monde de Lénacie. Je pense que j'ai décidé d'écrire sur ce monde pour me convaincre qu'il y avait quelque chose de beau aussi dans l'océan. Ce doit être une sorte de thérapie ! (nouveaux rires)
Avez-vous tiré une partie de votre inspiration de vos lectures ?
Je pense que oui ! J'aime les héros du quotidien. Les gens ordinaires qui prouvent que quand on veut on peut et qu'avec de la persévérance et du courage on peut déplacer des montagnes. C'est le genre de livres que je lis pour me détendre et pour rêver... Forcément, cela a dû m'influencer lorsque j'ai créé les personnages de Hosh et de Marguerite.
Vous êtes-vous inspiré des gens autour de vous pour définir les personnages et leur donner de la profondeur ?
Non ! J'essaie autant que possible de ne pas le faire... consciemment du moins ! Voyez-vous, j'aime recevoir. Ma maison est régulièrement pleine d'amis qui viennent souper, veiller et parfois même rester quelques jours. J'adore ça ! Ma famille et mes amis sont essentiels à mon équilibre et s'il y a une chose que je ne veux pas c'est qu'ils commencent à avoir peur de venir chez moi parce qu'ils craignent de se retrouver dans mes livres.
Qu'est-ce qui différencie votre livre des autres romans fantastiques selon vous?
Honnêtement, je ne vois pas de différences majeures dans le sens où le fantastique est un genre. Étant donné que je ne n'y mélange pas un autre genre littéraire, j'imagine qu'il ressemble aux autres romans fantastiques... En meilleur, il va s'en dire ! (rires)
Pour ce qui est de l'univers créé, j'estime qu'il est unique ! La cité, les épreuves, la vie quotidienne... on a le goût d'y être... sauf en de rares occasions !
Dans ma série, presque toute l'histoire se passe au fond de l'océan Atlantique près des Bermudes et l'élément fantastique ajouté est les sirènes. Et je peux vous garantir qu'après l'avoir lu, lorsque vous plongerez vos yeux dans les vagues de l'océan, vous vous demanderez ce qu'il y a au fond.
Quel public visez-vous avec votre histoire ?
Tout d'abord, les jeunes. Je suis enseignante et maman et je trouve essentiel de permettre aux jeunes de développer leur imagination et de leur permettre de s'évader parfois de la vie quotidienne. Par contre, j'avoue que j'adore que des adultes m'écrivent pour me dire à quel point ils ont adoré mes livres et pour me manifester leur enthousiasme relativement à l'arrivée des prochains tomes.
Est-ce que l'histoire a mijoté longtemps dans votre tête avant que vous arriviez à l'écrire ?
Oh oui ! Il a bien dû se passer 7 ou 8 ans entre le moment où Marguerite et Hosh ont pris vie dans ma tête et le moment où j'ai écrit leur histoire.
Est-ce qu'au moment d'écrire le premier tome, vous aviez déjà la suite des aventures en tête ?
Oui, mais pas en entier... loin de là ! Je connaissais certains passages, le résultat final de leurs aventures et leur avenir.
Maintenant que vous en êtes au quatrième tome, est-ce que vous trouvez que votre écriture change au fil des romans ?
Oui. Je m'améliore. Tout d'abord, je compose plus rapidement. Lors de l'écriture du premier tome, j'étais contente lorsque j'arrivais à écrire une page 81/2 x 11 à l'intérieur d'une journée de travail. Aujourd'hui, c'est davantage entre 4 et 6 pages. La différence est majeure !
Ensuite, j'ai comme une petite voix qui me parle pendant que j'écris pour me dire « n'écris pas ça, c'est trop long, ça manque de précision, il n'y a pas assez d'action, ça fait déjà trois fois que tu utilises ce mot dans ton dernier paragraphe, ... » C'est vraiment « fatigant » (rires), mais très pratique ! On sauve beaucoup de temps lors de la correction.
Écrivez-vous à partir d'un plan ?
Les deux premiers tomes ont été écrits sans plan. Ce fut très long, parce que je trouvais mes idées au fur et à mesure et que je devais sans cesse revenir en arrière pour m'assurer que tout se tenait. Aujourd'hui, je prends quelques semaines (eh oui !) pour écrire un plan d'une quarantaine de pages pour chacun de mes romans. C'est beaucoup plus facile de faire les liens entre les événements et de s'assurer que rien n'a été oublié et que toutes les portes que j'ai ouvertes ont bien été refermées. La composition du tome est également grandement facilitée. En fait, il ne reste qu'à mettre de la chair autour de chaque idée du plan.
Faut-il être un gros lecteur pour être un bon auteur ?
J'ai la certitude que oui ! Tout d'abord, il faut lire beaucoup pour savoir ce qui existe et s'assurer qu'on ne compose pas sans le savoir quelque chose que quelqu'un d'autre a déjà écrit. Ensuite, il faut lire beaucoup pour apprendre comment on amène un suspense, comment on compose un dialogue et comment on fait une bonne description. Il faut savoir ce qu'on aime et ce qu'on n'aime pas. Pour ma part, je n'aime pas lorsqu'on m'énumère une liste de dates, de personnages ou de lieux qui n'en finit plus. Pour moi, une description de coucher de soleil ne doit pas avoir trois pages. C'est trop long ! Vous êtes donc certain que je ne le ferai pas dans mes livres...
Et puis, il est essentiel de nourrir notre imagination... ça ne se fait pas tout seul et je ne connais rien de mieux qu'un bon livre pour y arriver.
Quels sont vos conseils à ceux qui écrivent, mais qui ont peur de ne pas être bons ?
Lancez-vous ! Essayez ! Peu importe le résultat, l'extraordinaire sentiment de s'être rendu au bout d'un projet difficile vaut son pesant d'or. Et si ça ne fonctionne pas, réessayer !
Si vous gagnez un Oscar pour la meilleure adaptation de roman, à qui allez-vous le dédier ?
Ma réponse sera en trois temps... (rires)
Tout d'abord, à mon mari parce que sans son support je n'aurai jamais pu réaliser ce rêve. Ensuite à mes parents, parce qu'ils ont rapidement compris à quel point leur petite puce avait besoin de rêver et de s'évader dans un monde imaginaire. De plus, aujourd'hui, sans leur temps et leur disponibilité auprès de mes enfants, il me serait beaucoup plus difficile de mener ce projet à terme. Finalement, aux Éditions de Mortagne, qui m'ont donné ma chance et qui ont cru en mon talent.
Rafale lecture !
Quel est votre livre préféré ?
Dois-je vraiment n'en choisir qu'un ? Impossible ! Je dirais Harry Potter de JK Rowling, Lili Klondike de Mylène Gilbert Dumas et La châtelaine de Mallaig de Diane Lacombe.
Quel roman a marqué votre adolescence ?
Tous les livres de Lucy Maud Montgomery dont les plus connus sont : Anne... la maison aux pignons verts.
Quel est le livre sur votre table de chevet ?
En ce moment, Océan... parce que je suis en train de composer le plan de mon 6e tome.
Dans quel endroit préférez-vous lire ?
Dans mon lit ou dans mon divan avec une grosse couverture et des bas de laine...
Quel est le livre que vous aimez beaucoup, mais que vous avez un peu honte de révéler ?
Les romans à l'eau de rose style harlequin.
Avez-vous une suggestion de lecture pour ceux qui ont adoré votre livre ?
Je vous conseille mes livres préférés, bien sûr...
Le billet sur Les épreuves d'Alek ici !
Ma fille Rose ( 10 ans ) et moi avons adoré et j'oserais dire dévoré les trois tomes du Royaume de Lénacie. Maintenant nous avons soif de connaitre la suite ! Quans verrons-nous le tome 4 ?
Merci de nous répondre!
de fidèles lectrices