Entrevue avec Martin Fournier

 
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27 septembre 2011

Connaissez-vous Pierre-Esprit Radisson? Pour ma part, c'était le nom d'une station de métro, sans plus, avant que je découvre le roman de Martin Fournier, L'enfer ne brûle pas, le premier tome de la série Les aventures de Radisson. Aussitôt, je me suis passionnée pour le Français qui est parvenu à se faire accepter des Iroquois. Entrevue avec un historien qui donne envie de s'intéresser à l'Histoire! 

Vous êtes historien de formation, est-ce difficile pour vous d’adapter l’Histoire à un récit d’aventures?

Il faut un certain temps pour passer de la science de la littérature, car les deux approches sont différentes. Mais dans le cas de Radisson, j’avais plusieurs opinions que mes longues études historiques ne me permettaient pas d’exprimer dans le cadre de la science. J’étais donc très content de pouvoir tout dire ce que je croyais savoir sur lui en écrivant ce roman. Quant à l’aventure comme telle, il n’y avait presque rien à ajouter, car la vie de Radisson est l’exemple parfait de la réalité qui dépasse la fiction.

Comment avez-vous procédé?

J’ai procédé par étapes, en collaboration avec mon éditeur. J’ai commencé par bien raconter ce que je maîtrisais du personnage de Radisson et de son histoire. Puis j’ai ajouté ce qui manquait pour étoffer la trame d’un bon roman, c’est-à-dire davantage d’interactions entre Radisson et des personnages secondaires mieux campés, plus d’émotion et plus de précision dans la description des événements et des circonstances. 

Est-ce qu’il y a une part de fiction dans Les aventures de Radisson?  Comment avez-vous recréé les dialogues?

Radisson a lui-même rédigé en détail le récit de ses voyages. Il est donc facile de se baser sur la réalité de ce que Radisson a vécu, à partir de ses récits. Mais il ne raconte pas tout, loin de là, et le romancier que je suis a dû combler les vides et s’assurer de faire le pont entre les épisodes que Radisson raconte. Quant aux dialogues, il faut les inventer, car il n’existe aucune trace de ce que ces personnes du 17e siècle se disaient vraiment. C’est l’un des aspects qui demande le plus de travail, à la fois pour demeurer réaliste et pour faire avancer le récit.

Pourquoi avez-vous choisi d’écrire un récit d’aventures qui s’adresse aussi aux adolescents plutôt que seulement aux adultes?

Mon éditeur était très sensible à l’absence presque totale de bons romans accessibles aux jeunes amateurs d’histoire du Canada. Comment peut-on en apprendre davantage sur notre propre histoire et développer un réel intérêt pour les exploits – le mot n’est pas trop fort – que nos ancêtres ont accomplis pour bâtir notre pays quand le seul contact avec eux se limite à quelques cours sommaires plutôt ennuyants? Nous sommes tombés d’accord pour que j’écrive un roman assez simple et accessible pour que les jeunes prennent autant de plaisir à le lire que les adultes.

Est-ce que vous avez mis de l’avant certaines scènes consciemment pour faire accrocher le lecteur au récit?

Mon premier objectif est de rendre hommage à Radisson. Je veux demeurer fidèle à cet homme exceptionnel que j’admire et dont j’ai étudié intensément toutes les facettes pendant cinq ans. Le jeune homme que je présente dans le premier tome a réellement accompli presque tout ce que je raconte et c’est très important pour moi de demeurer proche de la réalité. Si j’ai insisté sur certains passages, c’est que je les considère comme plus importants, ou qu’ils méritent d’être racontés avec plus de précision. Bien sûr, la trame du récit commande que l’on crée des liens forts entre les diverses péripéties. Il faut toujours penser au lecteur!

Trouvez-vous qu’il est intéressant d’utiliser la fiction pour faire découvrir l’histoire?

Je crois que c’est indispensable. Mais il faut le faire avec sérieux. Raconter n’importe quoi, dans n’importe quelles circonstances historiques ne donne pas beaucoup d’atouts à un roman et ça ne sert pas l’histoire. Mais de plus en plus de romanciers en sont conscients et font des efforts pour respecter le cadre historique qu’ils ont choisi. Les romans deviennent ainsi une très bonne introduction à l’histoire.

Après l’écriture de votre premier tome, avez-vous modifié des choses dans votre façon d’écrire ou dans votre méthode de travail?

Ma méthode de travail n’a pas changé. Ni mon style puisque mon but est d’écrire toute l’histoire de Radisson de façon cohérente, comme si on lisait un seul long roman. Mais j’ai acquis du métier, comme on dit, et je sais mieux comment traduire mes connaissances historiques en un bon récit.

Comment avez-vous développé cet intérêt pour le personnage de Pierre-Esprit Radisson?

Je cherchais un témoignage sur la Nouvelle-France du 17e siècle qui ne soit pas écrit par un religieux. Et c’est rare. À partir du moment où j’ai découvert les récits de Radisson, je n’ai cessé d’approfondir mon intérêt, voire ma passion, pour le personnage et pour la multitude de cultures dans lesquelles il a vécu, souvent à des moments historiques. Il avait l’art d’être au bon endroit au bon moment. J’ai appris beaucoup en suivant sa trace.
 
Rafale lecture !

Enfant, étiez-vous un grand lecteur?

J’ai lu beaucoup à partir de l’âge de 12 ans. Par la suite, j’ai toujours été un grand lecteur.

Qui vous a donné le goût de lire?

Personne en particulier. Il y avait plusieurs journaux, livres et revues à la maison, quand j’étais jeune, mais la rencontre entre le livre et moi s’est produite d’elle-même. Une sorte de coup de foudre.

Quel mot décrit le mieux votre relation avec les livres? Pouvez-vous nous expliquer ce lien?


PASSION. Je ne peux l’expliquer. Cette passion s’est imposée à moi. Parfois, j’aurais préféré qu’il en soit autrement. Mais c’est plus fort que moi.

Quel est votre livre préféré?

Je n’en ai pas. Plusieurs livres m’ont marqué, à divers moments de ma vie, mais aucun ne se démarque nettement. Par exemple, Les fleurs du mal de Charles Baudelaire, Sur la route de Jack Kerouac, Le Petit Prince de Saint-Exupéry, Du côté de chez Swann de Marcel Proust, Volkswagen blues de Jacques Poulin, Le vieil homme et la mer d’Ernest Hemingway, La Peste d’Albert Camus, Au-dessous du volcan, de Malcolm Lowry, plus récemment Le Totem du loup de Jiang Rong. Il y en a bien d’autres...

Quel roman a marqué votre adolescence?

Réponse : Le premier roman « sérieux » qui m’a véritablement accroché est Le tour du monde en 80 jours de Jules Verne. Je l’ai relu récemment. C’est un roman bien écrit et bien construit qui m’a beaucoup fait rêver de voyage et d’aventure.

Quel est le livre sur votre table de chevet?


J’ai lu hier les dix premières pages de Rosa candida, de Audur Ava Olafsdottir.

Dans quel endroit préférez-vous lire?


À la maison. Maintenant que je suis très occupé, je lis la plupart du temps dans mon lit, en fin de soirée.

Avez-vous une suggestion de lecture pour ceux qui ont aimé Les aventures de Radisson?

Il y a longtemps, j’ai été fasciné par le long roman Robinson Crusoe, de Daniel Defoe. Que d’aventures! Je pense aussi à Typhon, de Joseph Conrad, pour une brève et enlevante aventure en mer.
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